En tant qu'historien, Newt Gingrich sait très bien que les Américains ont un faible pour les candidats optimistes. Or, tout en promettant de poursuivre sa lutte jusqu'à la convention nationale du Parti républicain à Tampa, l'ancien président de la Chambre des représentants a prononcé hier dans l'Illinois un des discours les plus sombres et amers ayant jamais été entendus dans le cadre d'une campagne présidentielle aux États-Unis. J'en cite un extrait :

«Nous sommes à l'orée de possibilités extraordinaires et il est si difficile de le faire comprendre à ce parti. Nous sommes à l'orée de possibilités extraordinaires. Nous pouvons fournir au peuple américain un meilleur avenir d'une manière si spectaculaire que c'est presque inimaginable. Et notre système politique est si méthodiquement et délibérément stupide - et j'emploie ce mot délibérément, l'évitement intentionnel de la connaissance - que c'en est renversant.»

Gingrich a accusé ses rivaux républicains et les médias d'être responsables de cette situation. Sa double défaite de mardi dans les primaires de l'Alabama et du Mississippi n'était sans doute pas étrangère à l'amertume de son discours. Mais peut-il vraiment continuer à faire campagne sur ce ton lugubre?

À noter que le retrait de Gingrich n'avantagerait pas nécessairement Rick Santorum, contrairement à ce que ce dernier semble penser. Comme on peut le lire dans cet article de Real Clear Politics, le maintien de Gingrich dans la course est probablement ce qui empêcherait Mitt Romney d'atteindre le chiffre magique de 1 144 délégués dont il a besoin pour obtenir l'investiture républicaine.