Dans un exergue accompagnant une tribune signée par James Hansen, de l'Institut Goddard de la NASA, les lecteurs du New York Times peuvent aujourd'hui lire cette phrase publiée au-dessus d'une feuille d'érable : «Si le Canada exploite ses sables bitumineux, la civilisation sera en danger». Dans son texte, le scientifique précise : «C'en sera fait du climat.» Et d'ajouter :

«Les sables bitumineux du Canada contiennent une quantité de dioxyde de carbone deux fois supérieure à celle émise par l'utilisation du pétrole dans notre histoire entière. Si nous exploitions pleinement cette nouvelle source de pétrole, et continuons à brûler notre pétrole conventionnel, ainsi que nos réserves de gaz et de charbon, les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère atteindraient à terme des niveaux supérieurs à ceux du Pliocène, il y a plus de 2,5 millions d'années, quand le niveau de la mer était 16 mètres plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui. Cette quantité de gaz à effet de serre garantirait la désintégration incontrôlable des glaciers continentaux. Le niveau des mers s'élèverait et détruirait des villes côtières. Les températures planétaires deviendraient insupportables. Entre 20 et 50% des espèces seraient poussés à l'extinction. La civilisation serait en danger.»

Hansen se dit «troublé» d'avoir lu une interview accordée par Barack Obama au mensuel Rolling Stone dans lequel le président affirmait que le Canada allait exploiter ses sables bitumineux «quoique nous fassions».