La plupart des commentateurs politiques américains s'accordent pour dire que les mauvais chiffres de l'emploi rendus publics hier changent la donne dans la campagne présidentielle opposant Barack Obama et Mitt Romney.

Ces données décevantes, qui s'ajoutent à celles peu reluisantes des deux mois précédents, contredisent le discours du président sortant selon lequel l'économie américaine est vraiment en voie de guérison. Et elles jettent un doute sur le bien-fondé de sa stratégie, qui consiste pour l'heure à discréditer le bilan du candidat républicain à la tête de la société d'investissement Bain Capital et de l'État du Massachusetts.

Dans une excellente analyse, Dan Balz du Washington Post estime ainsi qu'Obama devra remporter «une bataille d'idées» s'il veut rester à la Maison-Blanche, ce que Bill Clinton a probablement tenté de lui rappeler cette semaine en refusant d'endosser ses critiques au sujet de la carrière de Romney dans le privé. Je cite un extrait de l'article de Balz:

«Ce qu'Obama n'a pas encore fait est d'offrir une idée claire de ce que serait son deuxième mandat. Il fait valoir que le pays ne peut pas revenir en arrière, mais ses vrais objectifs pour les quatre prochaines années demeurent largement voilés dans des généralités de campagne.»

Dans cette analyse, le New York Times affirme de son côté que les données de l'emploi apportent de l'eau au moulin de Mitt Romney, qui attribue la faiblesse de la reprise économique à l'incompétence de Barack Obama. Ce dernier, selon un démocrate du Congrès cité par le Times, devra insister davantage dans ses discours sur le fait qu'il n'a obtenu «aucune aide des républicains pour sauver l'économie lorsqu'il a pris ses fonctions».

Le Times cite également le président de Crossroads GPS, un des Super PAC fondés par le stratège républicain Karl Rove, qui cachait mal sa satisfaction à la suite de la publication des chiffres de l'emploi :

«Les électeurs sont sur le point de conclure que le président Obama ne peut tout simplement pas faire le boulot sur l'économie. S'ils en viennent à cette conclusion, cela deviendra très difficile à changer et encore plus difficile de dépeindre son adversaire comme étant une solution de rechange inacceptable.»