«J'aimerais que ce président apprenne comment être un Américain», a déclaré l'ancien gouverneur du New Hampshire John Sununu, l'un des plus importants supporteurs de Mitt Romney, lors d'une conférence téléphonique cet avant-midi.

Sununu, qui a également servi au sein de l'administration de George Bush père, avait abordé le même thème plus tôt dans la journée sur Fox News, tout en rappelant que le président avait fumé de la marijuana et vécu en Indonésie durant sa jeunesse (voir la vidéo ci-dessus, via BuzzFeed). Je le cite :

«Il n'a aucune idée de la façon dont fonctionne le système américain, et nous ne devrions pas en être surpris car il a passé ses premières années à Hawaï à fumer quelque chose, il a passé ensuite un certain nombre d'années en Indonésie, et quand il est venu aux États-Unis, il a travaillé comme travailleur communautaire - une structure socialisante - avant d'entrer en politique à Chicago. À aucun moment de sa vie n'a-t-il reçu un chèque du secteur privé qui signifiait quelque chose.»

Pour comprendre l'attaque de Sununu, il faut évidemment comprendre que le camp de Mitt Romney veut abandonner sa posture défensive des deux dernières semaines. Comme on peut le constater au début de la vidéo qui coiffe ce billet, l'ex-gouverneur du New Hampshire a également enfourché le nouveau cheval de bataille des républicains, accusant le président d'avoir pratiqué le «capitalisme de copinage», une critique que Mitt Romney a lui-même reprise cet après-midi lors d'un discours en Pennsylvanie.

Il faut aussi savoir que Fox News, le camp Romney et les républicains sont aux abois à la suite d'un discours prononcé par Obama en Virginie vendredi. Dans ce discours, le président a notamment défendu les investissements du gouvernement dans les infrastructures et la recherche en faisant valoir que ceux-ci étaient indispensables aux succès des entreprises privées.

Or, les conservateurs ont cité hors contexte une phrase d'Obama qui donne à entendre que les entrepreneurs ne doivent pas revendiquer le mérite d'avoir bâti leurs propres entreprises. «If you've got a business, you didn't build that. Somebody else made that happen.»

Placé dans son juste contexte, la phrase signifie que les entrepreneurs n'ont pas construit les infrastructures - les routes, les ponts, les écoles, l'internet - qui ont contribué à leurs succès. Je cite dans le texte le passage clé du discours du président :

«If you were successful, somebody along the line gave you some help. There was a great teacher somewhere in your life. Somebody helped to create this unbelievable American system that we have that allowed you to thrive. Somebody invested in roads and bridges. If you've got a business, you didn't build that. Somebody else made that happen. The Internet didn't get invented on its own. Government research created the Internet so that all the companies could make money off the Internet.»

Sununu n'est pas le seul conservateur à s'être servi de ce discours pour mettre en doute le patriotisme ou l'américanité d'Obama. En fait, Rush Limbaugh a dû inspirer l'ex-gouverneur lundi, accusant notamment le président d'«haïr» les États-Unis et de vouloir détruire «le rêve américain». Je cite des extraits de la jérémiade de Limbaugh dans le texte :

"I think it can now be said, without equivocation - without equivocation - that this man hates this country. He is trying, Barack Obama is trying, to dismantle, brick-by-brick, the American dream. There's no other way to put this. There's no other way to explain this." (...)

"He was indoctrinated as a child. His father was a communist. His mother was a leftist. He was sent to prep and Ivy League schools where his contempt for the country was reinforced. He moved to Chicago. It was the home of the radical-left movement. He hooks up to Ayers and Dohrn and Rashid Khalidi. He learns the ruthlessness of Cook County politics. This is what we have as a president: a radical ideologue, a ruthless politician who despises the country and the way it was founded and the way in which it became great."