La plupart des républicains, du simple militant au plus fin des stratèges, ont quitté Tampa avec la conviction que Mitt Romney avait atteint son grand objectif lors de son discours d'acceptation à la convention républicaine: convaincre les électeurs indécis qu'il n'est pas un ploutocrate sans coeur dont les idées s'apparentent à celle de l'aile extrémiste de son parti.

L'ancien gouverneur du Massachusetts a parlé avec émotion de ses parents, de sa femme et de ses enfants. Il a rendu un hommage vibrant aux femmes de son parti. Et il a promis de placer la création d'emplois en tête de ses priorités, se moquant au passage des engagements les plus ambitieux (ou fumeux, c'est selon) de Barack Obama.

Mais ce discours n'a pas fait l'unanimité, et il est plutôt piquant aujourd'hui de relever que la principale critique formulée à son sujet par le président et ses alliés démocrates ne diffère guère de celle que l'on peut lire aujourd'hui dans la page éditoriale du Wall Street Journal. Je traduis un passage de cet édito :

«Le discours de M. Romney a touché à tous ces points essentiels, mais la chose qu'il n'a pas fait constitue un pari politique majeur. Ni lui ni l'entière convention du GOP n'ont explicité son programme en matière économique. Lui et Paul Ryan ont promis d'aider la classe moyenne mais ils n'ont jamais expliqué, sauf en passant, comment ils y parviendraient. Dans son discours d'acceptation, M. Romney a évoqué ses cinq idées comme s'il s'agissait de détails peu importants. Il a consacré une phrase à l'énergie; l'éducation en a eu droit à deux. Il a passé plus de temps à parler de Neil Armstrong qu'à parler de ce qu'il comptait faire pour assurer une meilleure croissance économique et relever les revenus de la classe moyenne.»

Le WSJ croit comprendre la stratégie derrière le flou artistique entretenu par Mitt Romney sur ses propositions. Le candidat républicain est persuadé que les électeurs sont prêts à mettre à la porte Barack Obama, et qu'il n'a pas besoin de dire grand-chose pour lui succéder à la Maison-Blanche.

Selon le WSJ, cette stratégie est risquée parce que Barack Obama et les démocrates se chargeront d'expliquer en long et en large, et à leur façon, ce en quoi consistent les politiques de Mitt Romney.

Le candidat républicain à la présidence et ses stratèges voulaient aussi présenter à Tampa une image du Parti républicain la plus moderne et inclusive possible, d'où la présence de nombreux orateurs noirs et hispaniques à la tribune de la convention. Cette image tranche évidemment avec la réalité, comme le souligne la chroniqueuse du New York Times Maureen Dowd, qui qualifie aujourd'hui la convention du GOP de «canular monumental» dans un texte très mordant.

À noter que la vidéo qui coiffe ce billet regroupe les faits saillants de la convention républicaine selon le parti. Clint Eastwood et sa chaise n'y apparaissent pas. Allez savoir pourquoi.