«Ben Laden déterminé à frapper les États-Unis»: le 6 août 2001, George W. Bush a reçu une note de la CIA coiffé de ce titre. Aux yeux des défenseurs du président et de son administration, ce titre n'annonçait pas l'attaque du 11 septembre 2001 mais résumait l'histoire d'Al-Qaïda.

Dans une tribune publiée dans le New York Times en ce 11e anniversaire des attentats, le journaliste Kurt Eichenwald ne conteste pas cette interprétation. Mais il fait allusion dans son texte à d'autres notes de la CIA qui le conduisent aujourd'hui à accuser l'administration Bush de négligence vis-à-vis de la menace représentée par Al-Qaïda.

Après avoir lu des extraits de notes inédites de la CIA, Eichenwald révèle que l'administration Bush a commencé à être alertée à la possibilité d'une attaque d'Al-Qaeda au printemps 2001. Le 1er mai 2001, la CIA a ainsi averti la Maison-Blanche qu'«un groupe actuellement aux États-Unis» planifiait une opération terroriste. Le 22 juin, la CIA a précisé qu'une attaque était «imminente».

Selon Eichenwald, les «dirigeants néoconservateurs» qui venaient de prendre le pouvoir au Pentagone ont haussé les épaules en recevant ces avertissements. Selon eux, Ben Laden faisait semblant de planifier une attaque pour détourner l'attention de l'administration américaine de Saddam Hussein.

Le 29 juin, pour contrer cette analyse jugée absurde par ses agents, la CIA a publié une note affirmant que «les États-Unis ne sont pas la cible d'une campagne de désinformation» orchestrée par Oussama ben Laden. Le 1er juillet, l'agence de renseignement a répété qu'une attaque aux «conséquences dramatiques» se produirait «bientôt».

D'autres avertissements du même genre ont été transmis à la Maison-Blanche en juillet.

Mais le président n'a jamais réagi de façon adéquate à ces avertissements, selon Eichenwald, dont je cite la conclusion dans le texte :

In the aftermath of 9/11, Bush officials attempted to deflect criticism that they had ignored C.I.A. warnings by saying they had not been told when and where the attack would occur. That is true, as far as it goes, but it misses the point. Throughout that summer, there were events that might have exposed the plans, had the government been on high alert. Indeed, even as the Aug. 6 brief was being prepared, Mohamed al-Kahtani, a Saudi believed to have been assigned a role in the 9/11 attacks, was stopped at an airport in Orlando, Fla., by a suspicious customs agent and sent back overseas on Aug. 4. Two weeks later, another co-conspirator, Zacarias Moussaoui, was arrested on immigration charges in Minnesota after arousing suspicions at a flight school. But the dots were not connected, and Washington did not react.

Could the 9/11 attack have been stopped, had the Bush team reacted with urgency to the warnings contained in all of those daily briefs? We can't ever know. And that may be the most agonizing reality of all.