C'est inévitable : quand la campagne d'un candidat présidentiel connaît des difficultés, les médias finissent par publier des histoires dans lesquelles des amis, stratèges ou conseillers anonymes pointent du doigt un bouc-émissaires, qui est rarement le candidat lui-même.

Le journal Politico, sous la signature de deux de ses journalistes les plus aguerris, a publié hier soir une telle histoire, identifiant comme bouc-émissaire Stuart Stevens, qui est à la fois le stratège en chef, le principal rédacteur des discours et le responsable des publicités de Mitt Romney. Décrit comme un «artiste torturé» qui n'inspire pas la confiance des conservateurs purs et durs, Stevens est donc à la fois le David Axelrod, le David Plouffe et le Jon Favreau du candidat républicain.

C'est peut-être trop pour un seul homme. Les journalistes de Politico racontent notamment que la préparation du discours d'acceptation de Mitt Romney à la convention républicaine de Tampa a été marquée par plusieurs ratés qui ont mené le candidat et son stratège à jeter aux rebuts deux textes préparés par des rédacteurs de discours chevronnés. Une semaine avant la convention, le stratège et le candidat ont eux-mêmes écrit le fameux discours qui a notamment été critiqué pour son flou politique et son silence total sur l'Afghanistan et les soldats qui y risquent leur vie.

Romney est entouré de plusieurs autres stratèges, conseillers et autres faiseurs d'image. Mais Stevens occupe une place de choix dans une organisation qui a plusieurs centres de pouvoir mal définis. À la blague, des conseillers disent que Romney devrait faire appel à Bain Capital pour remettre de l'ordre dans sa campagne.

Malgré tout, Stuart Stevens n'est pas sur le point de perdre son poste, selon un article publié hier soir sur le site BuzzFeed. Quant au New York Times, il explique dans cet article que Mitt Romney devrait prononcer au cours des prochains jours des discours importants dans lesquels il devrait mettre un peu de viande autour de ses propositions. Plusieurs conservateurs l'ont critiqué pour son refus d'offrir des détails sur ce qu'il propose.

Évidemment, le candidat est responsable en bout de ligne des ratés de sa campagne. La semaine dernière, Mitt Romney n'a pas seulement trébuché en accusant Barack Obama de sympathies pour les extrémistes musulmans. Il a également raté une chance de se démarquer du président sur l'Iran, affirmant sur ABC vendredi qu'il n'y avait pas de différences entre lui et son rival sur les «lignes rouges» à tracer vis-à-vis de la république islamique.

Romney avait pourtant déjà déclaré qu'il voulait empêcher l'Iran d'acquérir la capacité de fabriquer une bombe nucléaire, ce qui est également la position d'Israël. Obama n'a jamais été aussi loin en public sur ce sujet, se contentant d'affirmer qu'il voulait empêcher l'Iran de fabriquer une bombe nucléaire.

P.S. : Le site BuzzFeed publie ce matin un article étonnant : s'il faut en croire le journaliste McKay Coppins et ses sources, Mitt Romney adoptera une nouvelle stratégie d'ici la fin de la campagne. Selon le candidat et ses stratèges, les indépendants ou les indécis ne leur permettront pas de combler leur retard sur Barack Obama. Ils devront donc miser sur les membres de la base républicaine, d'où leur décision de parler moins d'économie et plus de Dieu et de patriotisme.