Dans sa dernière chronique publiée par le Wall Street Journal avant l'élection présidentielle, Karl Rove, ex-stratège de George W. Bush, a prédit «au moins 279 grands électeurs» à Mitt Romney, soit neuf de plus que les 270 nécessaires pour être élu à la Maison-Blanche.

Il faut évidemment prendre cette prédiction avec un grain sel, compte tenu du rôle de Karl Rove dans la création de deux Super PAC - American Crossroads et Crossroads GPS - favorables aux républicains. D'autant plus qu'il a donné hier l'impression de chercher une excuse à une défaite éventuelle du candidat républicain à la Maison-Blanche.

Dans une entrevue accordée au Washington Post, Rove a en effet qualifié l'ouragan Sandy de «surprise d'octobre». Dans le folklore politique américain, une «surprise d'octobre» est un événement inattendu qui survient dans le dernier mois de la campagne présidentielle et change l'issue de l'élection.

Rove n'a pas dit que Sandy allait faire gagner Barack Obama mais il a affirmé que l'ouragan avait «aidé» le président. Je cite la suite de son raisonnement, qui aurait dû être évoqué dans sa chronique publiée par le Wall Street Journal plus de 48 heures après le passage de Sandy :

«Si vous n'aviez pas eu la tempête, la campagne de Romney aurait eu une meilleure chance de parler du déficit, de la dette, de l'économie. Il y a eu un bégaiement dans la campagne. Quand l'attention est détournée vers autre chose, ce n'est pas à son avantage.»

Ce que Rove ne dit ni dans cette entrevue ni dans sa chronique, c'est que Mitt Romney accusait un retard sur Barack Obama dans plusieurs États clés avant même que Sandy ne frappe la côte Est des États-Unis.

P.S. : Rupert Murdoch, qui emploie Rove au Wall Street Journal et sur Fox News, est un autre conservateur qui semble chercher une excuse à la défaite éventuelle de Mitt Romney. Dans un message publié sur Twitter, il a sommé le gouverneur républicain du New Jersey Chris Christie de renouveler son appui au candidat républicain à la présidence s'il ne voulait pas porter le «blâme» de son revers.