«Envoyez-nous Hagel et nous allons nous assurer que chaque Américain sache qu'il est antisémite.» Cette déclaration anonyme est attribuée dans cet article de l'hebdomadaire The Weekly Standard à un conseiller d'un sénateur républicain influent. Elle a fait surface la semaine dernière, peu après que Bloomberg eut annoncé que le nom de l'ancien sénateur républicain du Nebraska, Chuck Hagel, était en tête des candidats à la succession de Leon Panetta au poste de secrétaire à la Défense.

Le commentateur Bill Kristol n'a pas tardé à faire sa part pour illustrer l'«hostilité» du vétéran du Vietnam et supporteur de Barack Obama (dès 2008) à l'égard d'Israël. Dans un article publié dans le Weekly Standard, il rappelle notamment que le républicain rebelle a accusé l'État juif en 2006 de «destruction systématique d'un ami américain - le pays et le peuple du Liban».

Kristol évoque également cette déclaration de Hagel remontant à 2008 : «La réalité politique... est que le lobby juif intimide les gens ici (au Congrès).» Plus loin dans la même interview, Hagel parle du lobby pro-Israël, une expression moins problématique.

Comme le souligne le chroniqueur du Washington Post Dana Milbank dans cet article, l'ancien sénateur s'est également mis à dos les «néoconservateurs» en refusant notamment de signer une lettre d'appui à Israël lors de la deuxième intifada et en défendant l'idée de négociations avec le Hamas.

Dans l'interview de 2008, Hagel a expliqué ainsi son refus de signer toutes les lettres soumises au Congrès par l'AIPAC, l'influent lobby pro-Israël, dont certaines sont à son avis «stupides» :

«Je suis un sénateur des États-Unis. Je soutiens Israël. Mais j'ai prêté serment à la constitution des États-Unis. Pas à un président. Pas à un parti. Pas à Israël.»

Bien connue pour ses positions néoconservatrices, la page éditoriale du Washington Post a exprimé aujourd'hui son opposition à la nomination de Hagel à la tête du Pentagone, en omettant toutefois d'évoquer les controverses concernant les déclarations de l'ancien sénateur sur Israël ou le «lobby juif».

Comme on peut le lire dans cet édito, le Post considère que Hagel a adopté sur l'Iran et le Pentagone des positions qui le placent «à la gauche» de Barack Obama. Hagel a déjà voté contre des sanctions à l'encontre de l'Iran et déclaré que le budget du Pentagone était «gonflé».

Dans un article publié aujourd'hui, le New York Times résume les critiques à l'encontre de la nomination éventuelle de Chuck Hagel au poste de secrétaire à la Défense.