À méditer : les 38 millions d'Américains vivant dans les 22 États les moins populeux des États-Unis sont représentés par 44 sénateurs à Washington. Les 38 millions d'Américains vivant en Californie sont représentés par deux sénateurs.

On retrouve ces données dans un article publié hier dans le New York Times, qui range le Sénat des États-Unis parmi les assemblées législatives les moins démocratiques du monde. Je cite un extrait de cet article dans le texte :

Professor Dahl has calculated the difference between the local government unit with the most voting power and that with the least. The smallest ratio, 1.5, was in Austria, while in Belgium, Spain, India, Germany, Australia and Canada the ratio was never higher than 21 to 1.

In this country, the ratio between Wyoming's representation and California's is 66 to 1. By that measure, Professor Dahl found, only Brazil, Argentina and Russia had less democratic chambers.

Le Sénat attribue à chaque État le même nombre de représentants - deux -, quelle que soit sa population, contrairement à la Chambre des représentants, dont la composition reflète (en principe) la population de chaque État. Cette anomalie découle du grand compromis entre grands et petits États qui a permis la ratification de la Constitution de 1787.

Cette anomalie confère encore aujourd'hui aux États ruraux et conservateurs un poids disproportionné au Sénat. Certaines règles du Sénat permettent en outre aux élus de ces États de bloquer des projets de loi souhaités par la majorité. Entre 2009 et 2011, des projets de loi adoptés par la Chambre des représentants à majorité démocrate - sur le climat, l'immigration et le financement électoral, entre autres - ont ainsi été torpillés au Sénat par une minorité d'élus issus majoritairement des États les moins populeux et les plus conservateurs.

À une autre époque, plusieurs projets de loi contre l'esclavagisme adoptés par la Chambre ont connu le même sort.

S'il faut se fier à l'article du Times, l'anomalie n'est pas sur le point de disparaître.