La position des républicains du Congrès était claire : pour montrer son sérieux en matière budgétaire, Barack Obama devait accepter de s'attaquer aux programmes générateurs de déficits - l'assurance-santé Medicare pour les personnes âgées et le régime de retraite (Social Security) -, qui se trouvent à être deux vaches sacrées du Parti démocrate.

Le président a accepté de relever le défi des républicains en présentant hier un budget qui prévoit une baisse des prestations des retraités et des bénéficiaires de Medicare. Ces mesures s'inscrivent dans un plan qui réduirait le déficit de 1 800 milliards de dollars sur dix ans (somme à ajouter à 2 500 milliards d'économies depuis 2010). Deux tiers de la réduction du déficit viendraient de coupes et un tiers de nouvelles recettes.

Certains alliés progressistes de Barack Obama ont dénoncé vigoureusement ce «compromis». Le président du regroupe syndical AFL-CIO, Richard Trumka, a qualifié les changements proposés de «mauvais et indéfendables» et le représentant démocrate de Floride Alan Grayson a accusé le président d'avoir «trahi sa promesse envers les retraités».

Et comment les républicains ont-ils réagi? Certains ont accordé au président le mérite de s'attaquer aux vaches sacrées de son parti. Mais la réaction la plus révélatrice est probablement celle du représentant républicain d'Oregon Greg Walden, chef du comité électoral des républicains de la Chambre des représentants. Sur CNN, il a dénoncé le plan d'Obama, y voyant «une attaque choquante envers les retraités» :

Plusieurs observateurs ont vu dans cette réaction l'intention des républicains d'attaquer les démocrates à l'occasion des élections de mi-mandat de 2014 pour les coupes proposées par le président.

L'expression «catch 22» vient à l'esprit face à cette situation. Elle fait référence au livre-culte de Joseph Heller et à son héros, qui simule la folie pour échapper aux combats. Or, comme le dit l'article 22 du règlement de sa base, «Quiconque veut se faire dispenser d'aller au feu n'est pas réellement fou».

«Catch 22» en est venue à décrire toute situation inextricable ou kafkaïenne. Et c'est bien la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui Barack Obama, dénoncé à la fois par ses alliés démocrates et ses adversaires républicains pour des coupes que ces derniers réclamaient.