«Vous avez le droit de garder le silence. Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra [être] et sera utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire...»

Les amateurs de séries policières américaines connaissent bien l'avertissement que les policiers lisent ou récitent avant d'interroger les personnes qu'ils ont arrêtées. Il s'agit d'une procédure qui découle des droits Miranda définis par la Cour suprême des États-Unis en 1966 dans le cas Miranda contre Arizona.

Reste à voir si Dzokhar Tsarnaev se prévaudra de ces droits. Car l'administration Obama a fait savoir hier soir que le suspect numéro 2 des attentats du marathon de Boston ne recevra pas l'avertissement Miranda. Elle invoquera l'exception créée par une décision de la Cour suprême en 1984 pour les cas où la sécurité publique est en danger. Concrètement, cela signifie que les forces de l'ordre peuvent commencer à interroger un suspect dans certaines affaires sans lui rappeler qu'il a le droit de garder le silence et de réclamer un avocat. Si le suspect ne se prévaut pas de ses droits, tant pis pour lui.

Selon les médias américains, l'administration Obama fera appel à un groupe d'interrogateurs spécialisés du FBI, de la CIA et de la Défense (le High Value Detainee Interrogation Group) pour procéder à l'interrogatoire de Tsarnaev quand celui-ci sera en condition de répondre à des questions. Il est dans un état critique à la suite de la traque spectaculaire qui a mené à sa capture hier soir à Watertown.

Très peu d'Américains déploreront le recours à l'exception de sécurité publique dans une affaire de terrorisme dont on ne connaît peut-être pas toutes les ramifications. Mais certains spécialistes du droit, dont la journaliste de Slate Emily Bazelon, s'inquiètent des abus auxquels l'exception peut mener et du silence complet que la justice américaine peut garder sur les informations récoltées auprès d'un suspect qui n'est pas représenté par un avocat.

À noter que deux suspects de terrorisme, Umar Farouk Abdulmutallab et Faisal Shahzad ont reçu l'avertissement Miranda avant d'être interrogés, ce qui avait valu au président Obama et à son ministère de la Justice d'être vigoureusement critiqués par les républicains.

Le FBI s'était néanmoins dit satisfait des réponses obtenus auprès des deux hommes.