Lue sur le site Huffington Post Québec, cette déclaration de Marcel Côté, candidat à la mairie de Montréal, à propos du maire de New York Michael Bloomberg :

«Bloomberg est un républicain et un candidat indépendant. Pourtant, dans une ville où il y a six fois plus de démocrates que de républicains, il a réussi à gouverner et c'est un des grands maires [de l'histoire] de New York, dit-il. [...] Il exerce un leadership, il convainc autant la population que les élus d'une solution aux grands enjeux de politique publique, il bâtit une coalition autour des ces solutions-là et les fait adopter.»

L'homme d'affaires montréalais a sans doute raison de dire que Bloomberg n'est pas un homme de parti mais sa description du maire de New York - «un républicain et un candidat indépendant» - porte à confusion. Le fondateur de Bloomberg LP est un démocrate qui est devenu républicain par opportunisme en 2001, voulant améliorer ses chances d'être élu à la mairie de New York (il aurait difficilement décroché l'investiture démocrate). Il a abandonné le Parti républicain à la veille de sa troisième campagne à la mairie pour se présenter à titre d'indépendant.

Marcel Côté a également raison de dire que Bloomberg est l'un des grands maires de New York mais il ne faut pas oublier le rôle que joue son immense fortune dans la façon dont il exerce son leadership. Bloomberg a englouti 74 millions de dollars dans sa première campagne à la mairie et plus de 100 millions de dollars dans la dernière. Avec de tels moyens financiers, il peut certes se permettre d'être au-dessus des partis.

L'argent de Bloomberg lui permet aussi de créer les coalitions auxquels Marcel Côté a fait allusion, comme le rappelait le magazine New York dans un portrait publié en 2009 et dont je cite un extrait dans le texte :

The foundation of Bloomberg's imperial mayoralty is, obviously, money. He's used his vast personal fortune-$17.5 billion at last Forbes estimate-relentlessly and creatively to reverse the standard political dynamic: Instead of the special interests' buying off the politicians, the city's top politician has bought off the special interests. Money has allowed him to create the Bloomberg Party, whose clubhouse is the business elite and whose field troops are enlisted issue by issue. Bloomberg employs large segments of the city's political class, directly and indirectly, and his philanthropy, often done in secret, gives him a very large circle of friends. Opposing him can be an exceedingly lonely occupation.

Bref, Michael Bloomberg est-il vraiment un modèle pour Montréal?