De toute évidence, l'aide financière que les États-Unis versent à l'armée égyptienne ne leur permet pas de lui dicter la marche à suivre, comme l'a démontré cette semaine la dispersion sanglante des partisans du président déchu Mohamed Morsi. Pourquoi alors ne pas suspendre cette aide, qui expose l'administration Obama à l'accusation d'être «complice» de la répression?

Dans une analyse publiée aujourd'hui en première page, le New York Times tente de répondre à cette question en évoquant l'importance stratégique des liens entre les États-Unis et l'armée égyptienne.

Les États-Unis veulent notamment pouvoir continuer à jouir d'un feu vert quasiment automatique pour survoler l'espace aérien égyptien avec ses avions militaires, un atout précieux pour assurer le ravitaillement des troupes américaines en Afghanistan et exécuter des opérations contreterroristes au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Ouest et dans la Corne de l'Afrique.

Ils veulent également maintenir leur accès maritime au canal de Suez, accès qui permet à leurs vaisseaux militaires de passer devant tous les tankers qui font la queue. Et ils veulent aussi maintenir le traité de paix israélo-égyptien de 1979.

L'approche «pragmatique» de l'administration Obama face à la situation égyptienne est défendue par la conseillère de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, Susan Rice, peut- on lire dans cet autre article du Times.

Mais les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham ont joint hier leurs voix à ceux qui réclament la suspension de l'aide financière américaine à l'Égypte, comme on peut le lire dans cet article du Washington Post.

Jusqu'ici, l'administration Obama s'est contentée de mesures symboliques pour sanctionner l'armée égyptienne. Elle a suspendu les livraisons de chasseurs F-16 après le coup d'État de juillet et annulé les manoeuvres militaires communs après le massacre de cette semaine.