Il y a quelques semaines à peine, Bill de Blasio était à la traîne dans les sondages face aux principaux candidats démocrates à la mairie de New York, les Christine Quinn, Anthony Weiner et Bill Thompson. Hier soir, le «public advocate» de la ville* a remporté une victoire éclatante lors de la primaire de son parti, atteignant le seuil des 40% des suffrages qui lui permettront probablement d'éviter un second tour face à Thompson, qui a récolté 26% des voix (le dépouillement des votes n'est pas encore fini).

Comment expliquer la montée météorique de ce politicien qui a aujourd'hui de bonnes chances d'être élu à la mairie de New York le 5 novembre prochain? Le New York Times répond aujourd'hui à cette question dans cet excellent article sur les coulisses de la campagne du New-Yorkais de 52 ans.

Parmi les candidats démocrates, de Blasio a d'abord été celui qui a le mieux compris la lassitude de plusieurs électeurs démocrates envers Michael Bloomberg, qui ne peut solliciter un quatrième mandat. Alors que Quinn et Thompson se présentaient en quelque sorte comme les candidats de la continuité, il a proposé une rupture en accusant notamment la police de New York de pratiquer le profilage racial et le maire Bloomberg d'exacerber les inégalités économiques par ses politiques.

Par ailleurs, quand Anthony Weiner s'est mis à grimper dans les sondages, de Blasio a été tenté de l'attaquer. Ses stratèges l'ont cependant convaincu de continuer à cibler Bloomberg. Il s'en est félicité après l'implosion de la campagne du candidat exhibitionniste, dont il a hérité plusieurs des électeurs.

De Blasio a également profité de la décision du pasteur Al Sharpton, figure influente au sein de la communauté afro-américaine de New York, de ne pas appuyer la candidature de Bill Thompson, l'unique candidat noir de la course. Même si Sharpton et Thompson sont voisins à Harlem, le révérend ne lui a pas pardonné son refus d'appuyer deux projets de loi du Conseil municipal destinés à combattre le profilage racial et la pratique du «stop-and-frisk» par le NYPD.

Et puis il y a eu cette première pub télévisée mettant en vedette Dante de Blasio, le fils adolescent de Bill de Blasio, qui contribué à faire décoller sa campagne (certains analystes y voient même un facteur déterminant dans la victoire du candidat). La voici pour ceux qui ne l'ont pas encore vue :

Ex-militant de diverses causes progressistes, ex-directeur de la première campagne de Hillary Clinton au Sénat et ex-conseiller municipal, de Blasio affrontera le républicain Joe Lhota à l'occasion de l'élection à la mairie, si sa victoire dans la primaire démocrate est confirmée.

Dans son discours de victoire, Lhota, ex-président de l'Autorité métropolitaine de transport et ex-bras droit de l'ex-maire Rudolph Giuliani, n'a pas caché son intention de dépeindre de Blasio comme un dangereux gauchiste qui mettra en péril les gains réalisés par New York sous Michael Bloomberg.

* Sorte de protecteur des citoyens auprès de l'administration municipale.