Le président iranien Hassan Rohani a soulevé une tempête politique dans son pays en condamnant l'Holocauste lors d'une interview accordée à CNN, selon cet article publié aujourd'hui à la Une du New York Times.

L'agence semi-officielle Fars, affiliée aux Gardiens de la révolution islamique, a accusé la chaîne d'information américaine d'avoir trafiqué les propos de Rohani en les traduisant. Selon Fars, le président iranien n'a ni utilisé le mot «Holocauste» ni le mot «répréhensibles» pour qualifier les crimes commis par les nazis contre les juifs.

Les dirigeants de CNN se sont défendus en précisant qu'ils avaient utilisé un interprète fourni par le gouvernement iranien lors de l'interview réalisée par Christiane Amanpour. À la fin de l'entrevue, celle-ci a demandé au président iranien s'il pensait, comme son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, que l'Holocauste était un mythe. Voici la réponse de Rohani, telle que présentée par CNN :

« Je ne suis pas un historien et quand il s'agit d'estimer l'ampleur de l'Holocauste, il revient aux historiens de le faire. De manière générale, je peux vous dire que tous les crimes commis contre l'humanité dans l'histoire, y compris ceux que les nazis ont commis contre les Juifs, sont répréhensibles et condamnables.»

Le Times estime que la réaction de l'agence Fars illustre la situation délicate dans laquelle se trouve le président Rohani dans son pays, où les tenants de la ligne dure continuent à voir d'un mauvais oeil la possibilité d'un rapprochement avec les États-Unis. Le quotidien new-yorkais souligne que cette possibilité créé en revanche un vif enthousiaste au sein de la population iranienne.

Cela dit, il n'y a pas que les tenants de la ligne dure iraniens qui n'ont pas applaudi la déclaration de Rohani sur l'Holocauste. Le gouvernement israélien a affirmé de son côté que le président iranien avait exprimé une forme de négationnisme en affirmant qu'il ne pouvait pas estimer l'ampleur de l'Holocauste, n'étant pas un «historien».

Pris de court par la possibilité d'un dégel entre Téhéran et Washington, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a averti que le président Romain était un loup en habit de mouton.

Quoi qu'il en soit, Rohani a affirmé souhaiter que le dossier du nucléaire iranien soit réglé dans les trois mois lors d'un entretien avec le Washington Post publié hier.