Le 8 avril 1971 au soir, des dizaines de millions d'Américains étaient rivés devant leur téléviseur pour suivre en direct un combat de boxe entre Muhammad Ali et Joe Frazier. Au même moment, huit militants contre la guerre du Vietnam cambriolaient un bureau du FBI situé dans la banlieue de Philadelphie pour repartir avec presque tous les documents qui s'y trouvaient.

Dans les semaines subséquentes, les cambrioleurs, dont un professeur de physique et un autre de religion, allaient envoyer, sous le couvert de l'anonymat, plusieurs des documents à divers médias, dont le Washington Post et le New York Times. Ceux-ci allaient s'en servir pour lever le voile sur l'espionnage par le FBI de J. Edgar Hoover de groupes opposés à la guerre du Vietnam et d'étudiants afro-américains, entre autres dissidents.

Les cambrioleurs avaient également volé des documents faisant allusion à un programme appelé Cointelpro dont la nature n'allait être révélée que sept ans plus tard par un journaliste de NBC. Il s'agissait de l'espionnage du mouvement des droits civiques orchestré par Hoover à partir de 1958. Un programme dans le cadre duquel des agents du FBI avaient notamment envoyé une lettre de chantage anonyme menaçant Martin Luther King de révéler ses liaisons extraconjugales s'il ne se suicidait pas.

Comme le raconte aujourd'hui le New York Times dans cet article fascinant, les cambrioleurs ne se sont jamais fait prendre par la police. Et plusieurs d'entre eux sortent aujourd'hui de l'anonymat, sachant qu'ils ne peuvent plus être poursuivis pour leur crime. Leur histoire fait l'objet d'un nouveau livre écrit par Betty Medsger, la journaliste du Washington Post qui a été la première à recevoir des documents volés par les cambrioleurs.

Ceux-ci étaient en quelque sorte les précurseurs d'Edward Snowden.