Il y a 50 ans aujourd'hui, Lyndon Johnson profitait de son premier discours sur l'état de l'Union pour déclarer une «guerre inconditionnelle contre la pauvreté en Amérique», proposant une série de mesures législatives dont plusieurs allaient être adoptées et s'inscrire dans sa Grande Société. Cinquante ans plus, les États-Unis ont-ils gagné ou perdu cette guerre?

Pour la droite américaine, la réponse est évidente. «Même si 20 000 milliards de dollars ont été dépensés depuis le début de cette guerre, la pauvreté demeure aujourd'hui presque aussi élevée qu'elle l'était au milieu des années 1964», écrit Jennifer Marshall, chercheuse au groupe de réflexion de droite Heritage Foundation.

En 1964, 19% des Américains vivaient dans la pauvreté. Aujourd'hui, le taux officiel de la pauvreté aux États-Unis s'élève à 15%. Mais, comme le soulignait dimanche le New York Times dans cet article, ce taux mesure seulement les revenus des foyers américains et ne tient pas compte des retombées des programmes anti-pauvreté du gouvernement. Ceux-permettent aujourd'hui aux Américains les moins fortunés d'avoir notamment accès à une meilleure alimentation, à de meilleurs soins de santé et à de meilleures conditions de logement que les pauvres de l'époque du président Johnson.

Les programmes issus de la Grande Société, ceux qui n'ont pas été éliminés ou mutilés au cours des dernières décennies, ne peuvent pas, par ailleurs, être tenus responsables de la stagnation de la rémunération au bas de l'échelle des salaires aux États-Unis. Cette rémunération contribue non seulement à la pauvreté mais également aux inégalités croissantes des revenus aux États-Unis. Comme le souligne le Times, cinq millions d'Américains sortiraient de la pauvreté si le salaire minimum fédéral passait de 7,25$ de l'heure à 10,10$ de l'heure, comme le veulent Barack Obama et ses alliés du Congrès.

La hausse du salaire minimum fédéral n'est cependant pas une réponse au problème de la pauvreté, selon Marco Rubio, candidat potentiel à la Maison-Blanche en 2016. «Hausser le salaire minimum est peut-être populaire, mais avoir un salaire de 10$ de l'heure n'est pas le rêve américain», a déclaré aujourd'hui le sénateur républicain de Floride lors d'un discours à Washington.