Deux mots viennent à l'esprit au lendemain de la conférence de presse épique (107 minutes!) de Chris Christie : narcissisme et scepticisme.

En écoutant le gouverneur du New Jersey, un auditeur aurait pu croire qu'il avait été la plus grande victime des embouteillages monstres causés par la fermeture de voies du pont George Washington et non les citoyens de Fort Lee. Christie s'est dit «trahi», «humilié», «attristé», «embarrassé», «navré», et j'en passe, à la suite de la publication mercredi matin de courriels indiquant qu'une collaboratrice «stupide» et «trompeuse» avait initié cette fermeture.

Le scepticisme relève en partie de cette histoire voulant que Christie n'ait rien su des raisons bassement politiques ayant mené à cette fermeture avant 8h50 mercredi matin. Encore hier, le gouverneur a fait allusion à la fameuse «étude de trafic» invoquée au début de cette histoire par deux responsables de l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey qui ont démissionné il y a un mois.

Christie n'a-t-il posé aucune question après la démission de ces deux hommes qu'il avait lui même nommés à leur poste respectif?

Ce scepticisme est exprimé ce matin non seulement à la Une du Daily News, mais également dans les pages éditoriales du New York Times et du Star Ledger, le quotidien le plus important du New Jersey (ici et ici).

À noter que l'animatrice de MSNBC Rachel Maddow a présenté hier soir une théorie «alternative» pour expliquer la fermeture de voies du pont George Washington. Cette mesure de représailles n'avait peut-être pas pour but de punir le maire de Fort Lee mais plutôt la chef de la majorité démocrate du Sénat du New Jersey, Loretta Weinberg, qui s'était opposée avec son groupe à la nomination d'une juge républicaine à la Cour suprême de l'État. La circonscription de Weinberg comprend Fort Lee.

L'envoi d'un courriel par la collaboratrice de Christie à un des responsables de l'Autorité portuaire de NY et du NJ sur la fermeture de voies est survenu le lendemain d'une conférence de presse au cours de laquelle Christie avait vertement dénoncé les «animaux» qui voulaient bloquer la nomination de la juge, comme l'a rappelé Maddow dans son topo :