Les médias américains multiplient ces jours-ci les comparaisons entre Lyndon Johnson et Barack Obama, se demandant si le 36e président américain, réputé pour son pouvoir de persuasion auprès des membres du Congrès, aurait pu faire mieux que le 44e face aux parlementaires d'aujourd'hui.

La réflexion coïncide avec les cérémonies entourant le 50e anniversaire de la promulgation de la loi sur les droits civiques, un des faits saillants de la présidence de Lyndon Johnson. Promulgation qui sera soulignée aujourd'hui par le président Obama, qui prononcera un discours à la Bibliothèque présidentielle de LBJ. On peut se faire une idée de ce débat en lisant les articles publiés sur le sujet dans le USA Today et le New York Times (ici et ici).

Résumons : aux yeux de certains historiens, Obama ne fait pas le poids devant Johnson. Selon eux, celui-ci a réussi à faire adopter des lois et des programmes historiques sur les droits civiques et la santé, entre autres, en jouant de façon magistrale de son expérience au Congrès et de sa personnalité pour parvenir à ses fins. On a un exemple de ce qu'on a appelé le «traitement Johnson», mélange de cajoleries, pressions et de menaces, dans les photos qui coiffent ce billet.

Cette comparaison exaspère le 44e président et son entourage. Ceux-ci rappellent que LBJ faisait face à un Congrès qui n'avait rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Non seulement le 36e président a-t-il joui tout au long de sa présidence d'une majorité démocrate dans les deux chambres, mais il pouvait aussi utiliser dans ses négociations individuelles avec les parlementaires un émollient qui a disparu sous Obama, à savoir les «earmarks», ces enveloppes budgétaires que l'on pouvait greffer à une loi pour assurer la réalisation d'un projet cher à tel ou tel élu.

On ne saura évidemment jamais ce que LBJ aurait pu accomplir face aux républicains qui siègent aujourd'hui au Congrès.