Brandissant la menace de la fraude électorale, plus de 30 États américains ont, au cours des trois dernières années, adopté ou proposé des lois destinées à introduire des contrôles d'identité supplémentaires des électeurs.

Proposées par des élus républicains, ces mesures sont vigoureusement dénoncées par les démocrates, qui y voient une ruse pour restreindre le vote des minorités, qui sont relativement moins nombreux à posséder des pièces d'identité acceptables, dont le permis de conduire ou le passeport.

Or, ne voilà-t-il pas que le sénateur républicain du Kentucky Rand Paul, candidat potentiel à l'élection présidentielle de 2016, choisit de se démarquer de son parti sur cette question. Je cite un extrait d'une entrevue qu'il vient d'accorder au New York Times :

«Tout le monde est en train de devenir fou sur cette question. Je pense qu'il est mauvais pour les républicains de perdre la tête sur cette question parce que cela offense les gens.»

Paul, un républicain à tendance libertarienne, répète souvent que son parti doit attirer une nouvelle clientèle pour espérer gagner la Maison-Blanche en 2016. «Je veux me battre pour gagner le vote afro-américain», a-t-il dit hier à Memphis lors d'une conférence de presse.

De toute évidence, son entrevue au Times s'inscrit dans cet objectif. Reste à voir si les élus et militants républicains accepteront de se faire dire qu'ils sont en train de devenir fous sur une question qu'ils semblent juger prioritaire.