«C'est une bonne journée», a déclaré Barack Obama samedi à la Maison-Blanche en annonçant la libération du sergent Bowe Bergdahl en échange du transert vers le Qatar de cinq hauts dirigeants de l'ancien gouvernement taliban d'Afghanistan détenus à Guantanamo.

C'était sûrement une bonne journée pour les parents du militaire, qui menaient une vaine campagne pour obtenir la libération de leur fils, capturé par les talibans afghans fin juin 2009. Mais c'est aussi devenu un problème politique pour le président, accusé notamment d'avoir violé une loi l'obligeant à aviser le Congrès 30 jours avant tout transfert de détenus de Guantanamo.

Les républicains du Congrès reprochent également au chef de la Maison-Blanche d'avoir mis en danger la sécurité des troupes et des citoyens américains en libérant «les pires des pires», pour reprendre l'expression de John McCain. Ils ont annoncé hier la tenue d'une audition sur les circonstances entourant la libération du soldat.

Et puis il y a la question du sergent Bergdahl et de son père. Le New York Times publie aujourd'hui un article dans lequel deux anciens membres de l'unité de Bergdahl l'accusent d'être un déserteur et réclament qu'il soit traduit en cour martiale.

Ces soldats affirment que des camarades de Bergdahl - entre deux et six - ont été tués au cours des recherches pour le retrouver, ce que nie l'armée américaine. Le Times précise que les entrevues avec les deux soldats critiques de Bergdahl ont été organisées par des «stratèges républicains».

Pendant ce temps, la libération du sergent Bergdahl est en passe d'éclipser l'affaire de Benghazi pour les médias conservateurs. Leurs critiquent ne visent pas seulement le soldat de 28 ans, mais également son père, qui a écrit ceci dans un message publié sur Twitter : «Je travaille toujours pour la libération de tous les prisonniers de Guantanamo. Dieu vengera chaque enfant afghan mort. Amen.»

Ce message, publié mercredi dernier, a été effacé samedi. Il s'adressait à un compte Twitter s'identifiant comme la «voix du djihad». Il reflétait certainement le désillusionnement exprimé par son fils à l'égard de la mission américaine en Afghanistan à la veille de sa disparition.

Le Times publie un autre article aujourd'hui sur les motifs qui ont poussé l'administration Obama à accepter le transfert de cinq cadres talibans pour obtenir la libération du sergent Bergdahl. Peu importe les circonstances de sa disparition, l'administration et l'armée considéraient son rapatriement comme une obligation morale. Qui plus est, l'état de santé du militaire suscitait de plus en plus d'inquiétude.

L'administration Obama estime par ailleurs qu'un avis au Congrès sur le transfert des détenus talibans de Guantanamo aurait pu mener à des fuites qui auraient court-circuité les négociations avec le Qatar et les talibans.