Ce matin, la chaîne Fox News a fait appel à son psychiatre préféré, Keith Ablow, pour expliquer comment Barack Obama en est venu à libérer cinq cadres talibans détenus à Guantanamo pour obtenir la libération d'un soldat américain, en l'occurrence le sergent Bowe Bergdahl. Je cite le bon docteur :

«Je le dis depuis longtemps, Barack Obama n'a pas la volonté du peuple américain, l'américanisme, dans son âme. Cet échange - une personne qui ne se sent peut-être pas très américaine contre cinq personnes qui ne le sont pas du tout -, en est l'illustration. Ce n'est pas une surprise quand vous avez un leader qui n'a pas la fibre patriotique.»

Dans un texte publié sur le site Daily Beast, Michael Tomasky explique que la libération du sergent Bergdahl a l'attrait et l'effet du crack chez les tenants de la droite américaine. Ils ne peuvent résister à l'envie de s'en servir pour cogner sur leur bête noire, «Barack Hussein Obama», comme a tenu à l'appeler l'ancien représentant de Floride Allen West dans ce texte où il a appelé à l'impeachment du président pour «incitation et aide à l'ennemi».

Passons sur le fait que George W. Bush a libéré plus de 500 détenus de Guantanamo, dont environ 30% ont repris leur djihad contre les États-Unis. Passons sur le fait que le héros des républicains, Ronald Reagan, a vendu illégalement des armes au régime islamique d'Iran dans l'espoir d'obtenir la libération d'otages américains. Passons sur les mamours de Donald Rumsfeld et Dick Cheney à Saddam Hussein.

Le fait est que plusieurs des pourfendeurs d'Obama le critiquaient il n'y a pas longtemps pour son indifférence face au sort du sergent Bergdahl, comme l'illustrent ces deux textes publiés sur le site conservateur GatewayPundit à quelques mois d'intervalle et tous ces républicains qui ont effacé sur leurs blogues, comptes Twitter ou pages Facebook les toutes références positives au sujet du militaire libéré, qui est ainsi passé à leurs yeux de «héros» à «déserteur».

Ils lui avaient conféré le statut de héros pour mieux taper sur Obama. Ils sont aujourd'hui prêts à le condamner sans procès pour les mêmes raisons. C'est fort, le crack, n'est-ce pas Bob?

Le clip qui coiffe ce billet est un extrait d'une vidéo de 17 minutes diffusée par les talibans afghans et montrant la libération du sergent Bergdahl. «Ne reviens pas en Afghanistan», dit un taliban à l'Américain alors qu'un hélicoptère Black Hawk s'approche. «Si tu le fais, tu n'en sortiras pas vivant la prochaine fois.»