Selon un représentant républicain, c'est un scandale comparable à ceux du Watergate, qui a coulé le président Richard Nixon, et du Teapot Dome, une affaire de corruption qui s'est déroulée sous l'administration du président Warren Harding. De quoi s'agit-il?

Vous en avez peut-être déjà entendu parler au cours des derniers jours. L'Internal Revenue Service a annoncé il y a une semaine et demie avoir perdu des courriels envoyés ou reçus par Lois Lerner, l'ex-responsable au coeur de la tempête soulevée en mai 2013 par le ciblage par le fisc américain de groupes politiques conservateurs. L'IRS, faut-il préciser, avait déjà remis aux enquêteurs républicains du Congrès plus de 67 000 courriels envoyés ou reçus par Lerner.

Le nouveau chef de l'IRS, John Koskinen, a expliqué que la disparition des courriels était due à une panne du réseau informatique de l'agence. Résultat : bon nombre des courriels envoyés ou reçus par Lerner avant le mois d'avril 2011 n'ont pu être récupérés et remis aux enquêteurs républicains du Congrès, qui aimeraient bien pouvoir lier la Maison-Blanche au ciblage de groupes politiques conservateurs par le fisc américain.

Le site Vox explique ici pourquoi la disparition des courriels de Lerner n'est pas en soi un «scandale», n'en déplaise aux conservateurs friands de théories de conspiration.

Il est où alors le problème? Les républicains accusent le chef de l'IRS d'avoir menti sous serment en mars dernier en leur disant qu'il leur remettrait TOUS les courriels envoyés et reçus par Lerner, dont l'unité a soumis à un examen approfondi des groupes comme le Tea Party qui réclamaient un statut fiscal spécial (des groupes progressistes ont également été ciblés mais dans une moindre mesure).

«Vous avez oeuvré pour camoufler le fait qu'il y avait des courriels manquants et vous avez fini par tout avouer vendredi après avoir été pris en flagrant délit», a déclaré hier soir Darrell Issa, le représentant républicain qui dirige une des enquêtes du Congrès sur le ciblage des groupes politiques conservateurs. «J'en ai assez de vos petits jeux», a ajouté celui qui a établi les comparaisons évoquées au début de ce billet.

Koskinen, qui comparaissait devant une commission présidée par Issa, lui a répondu qu'il n'avait pas été mis au courant de la disparition des courriels avant le mois d'avril (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

«Tous les courriels que nous avons seront remis (au Congrès), a-t-il dit. Je n'ai pas dit que je vous remettrais les courriels qui ont disparu. Si vous avez une façon magique qui me permettrait de le faire, je serais heureux de l'apprendre.»

Le nouveau chef de l'IRS a par la suite déclaré que les républicains ne devraient pas être surpris par les pannes dont est souvent victime le réseau informatique de l'agence fédérale «à la lumière de l'équipement désuet que les employés de l'IRS doivent souvent utiliser à la suite des coupes budgétaires des quatre dernières années».

Les démocrates ont accusé les républicains de traiter le chef de l'IRS de façon indigne.

«C'est d'autant plus terrible que les preuves supportent la version des faits présentés par l'homme que vous traitez de menteur», s'est indignée la représentante du District de Columbia, Eleanor Holmes Norton.