Le débat se poursuit aux États-Unis sur l'arrêt «Burwell contre Hobby Lobby» rendu lundi par la Cour suprême. À cinq voix contre quatre, la plus haute instance américaine a conclu que la liberté de religion s'appliquait aux entreprises familiales et qu'un petit employeur pouvait invoquer ses convictions religieuses pour refuser de payer à ses salariées des moyens de contraception prévus par la loi de la santé de Barack Obama.

Cette décision n'est que le début d'une série de controverses qui n'ont rien à voir avec la contraception ou l'Obamacare, comme on peut le lire dans cette tribune publiée aujourd'hui par le New York Times et signée par Paul Horwitz, professeur de droit de l'université d'Alabama. Le propriétaire d'une entreprise familiale ne pourra-t-il pas refuser de servir un couple gai ou même d'embaucher un homosexuel au nom de sa foi? La religion ne vient-elle pas d'investir un lieu où elle était jusque-là mise de côté, à savoir le marché? Et qu'adviendra-t-il des accommodements religieux en milieu de travail?

Fondée en 1972 par David Green, un chrétien évangélique d'Oklahoma, Hobby Lobby est une chaîne qui vend des objets de décoration pour la maison. Son propriétaire n'est pas opposé à tous les moyens de contraception mais à certains qu'il associe à l'avortement, dont la pilule du lendemain. Il a non seulement réussi à convaincre les juges conservateurs de la Cour suprême que la liberté de religion pouvait s'appliquer à une entreprise mais également qu'un patron pouvait imposer ses convictions religieuses à ses employés.

Mais la société Hobby Lobby ne fait-elle pas preuve d'hypocrisie en se disant «chrétienne» tout en faisant fabriquer plusieurs de ses produits en Chine, un pays où règne le main d'oeuvre à bon marché et où le gouvernement force plusieurs femmes à se faire avorter? On trouve ici et ici les deux côtés de cette question.

Le New York Times a par ailleurs publié cet article sur les retombées politiques de la décision de Cour suprême.