Les Américains qui souscrivent une assurance-santé par le biais de HeathCare.gov, site internet créé par le gouvernement fédéral, ont-ils droit à l'aide fiscale prévue dans la loi sur la santé promulguée par Barack Obama en 2010?

Deux cours d'appel fédérales ont rendu des décisions contradictoires cette semaine sur cette question déterminante. Se livrant à une interprétation stricte du texte de loi, la cour d'appel de Washington a estimé que seuls les Américains ayant souscrit une assurance-santé par le biais d'un marché en ligne créé par un État ont droit à cette aide fiscale.

Si cette interprétation était confirmée par la Cour suprême des États-Unis, cela priverait des millions d'Américains vivant dans les 36 États ayant refusé de créer leur marché en ligne d'une aide fiscale qui leur permet de souscrire une assurance-santé à un prix abordable.

Or, cette stricte interprétation semble avoir été défendue en 2012 par un des architectes de la loi sur la santé, Jonathan Gruber, dont les propos de l'époque refont surface aujourd'hui à la suite de la publication d'une vidéo qui réjouit les opposants conservateurs de l'Obamacare.

Dans cette vidéo qui coiffe ce billet, Gruber explique que les citoyens des États n'ayant pas créé leur propre marché en ligne n'auront pas droit à l'aide fiscale. L'économiste de MIT dit aujourd'hui que sa déclaration de 2012 était une «simple erreur». Mais plusieurs blogueurs et commentateurs conservateurs ont sauté dessus, croyant avoir trouvé une faille majeure dans l'argumentaire de l'administration Obama et de ses alliés.

Ce débat est évidemment surréaliste. Il faut le répéter : ayant échoué à faire invalider l'Obamacare, les conservateurs tentent aujourd'hui d'enrayer un mécanisme crucial de la loi permettant aux Américains moins fortunés de souscrire une assurance-santé à prix abordable. Faut surtout pas que ce système-là se mette à fonctionner.

Songez un peu : selon une nouvelle étude publiée cette semaine, l'Obamacare, dans sa première année d'application, a permis à 10 millions d'Américains dépourvus d'assurance-santé d'en acquérir une. Quelle horreur!