Quelle aurait été la réaction des médias et des citoyens québécois si Jean Charest avait décidé de mettre fin aux travaux de la commission Charbonneau avant qu'elle ne puisse compléter son mandat?

Je pose la question en observant la controverse autour des circonstances qui ont poussé le gouverneur démocrate de New York Andrew Cuomo à mettre un terme aux travaux de la commission Moreland chargée d'enquêter sur la corruption politique à Albany, capitale de l'État secouée par plusieurs scandales liées au financement des campagnes électorales.

En juillet 2013, le gouverneur avait créé cette commission, assurant qu'elle jouirait d'une indépendance totale. Or, selon une enquête publiée la semaine dernière par le New York Times, Cuomo a non seulement mis fin de façon abrupte aux travaux de la commission ce printemps mais également tenté de l'empêcher d'enquêter sur les activités de groupes avec lesquels il a des liens ou sur des questions qui risquaient de le faire mal paraître.

Lundi, cinq jours après la publication de l'enquête du Times, Cuomo a fait sa première déclaration publique sur cette controverse, niant avoir tenté de compromettre les travaux de la commission qui se sont soldés selon lui par un «succès phénoménal». Avant qu'il ne prenne la parole, certains commissaires ont défendu le gouverneur dans des déclarations écrites. Au moins l'un d'entre eux avait pourtant critiqué sévèrement celui-ci dans des courriels cités dans l'enquête du Times.

Tout indique que Cuomo et son équipe ont demandé à des membres de la commission Moreland de se porter garant de son intégrité. Or, les déclarations écrites de ces derniers ont incité hier le procureur fédéral de Manhattan, Preet Bharara, à menacer de lancer une enquête sur l'administration Cuomo pour une possible entrave à la justice ou subornation de témoins, comme on peut le lire dans cet article du Times.

Ce procureur, faut-il préciser, avait réagi à la dissolution de la commission Moreland en réclamant tous les dossiers qu'elle avait amassés au cours de ses neuf mois d'existence.

Cuomo, qui nourrirait des ambitions présidentielles, sollicitera en novembre un second mandat comme gouverneur.