L'image est saisissante : massés le long de leur frontière, des soldats turcs peuvent observer les combats qui font rage à Kobané, ville kurde de la Syrie sur le point de tomber aux mains des djihadistes de l'organisation État islamique. Mais ils ne lèvent pas le petit doigt pour secourir une population qui risque d'être massacrée, et ce, pour des raisons byzantines que le New York Times évoque dans cet article publié aujourd'hui à la Une.

La Turquie ne veut pas bouger parce qu'elle veut obtenir des États-Unis l'assurance qu'ils aideront aussi les rebelles syriens à renverser Bachar al-Assad, parce qu'ils veulent d'abord soutirer des concessions politiques aux Kurdes, dont ils se méfient autant que les djihadistes, parce qu'ils veulent une zone d'exclusion aérienne dans le nord de la Syrie avant de se lancer dans la mêlée, et j'en passe sans doute.

Selon le Times, les conditions (ou excuses) turques exaspèrent au plus haut point l'administration Obama, qui les trouvent indignes d'un allié de l'OTAN. Mais le président américain fait lui-même l'objet de critiques aux États-Unis pour des frappes aériennes qui sont venues trop tard pour stopper l'avancée djihadiste contre la région de Kobané, qui a commencé il y a trois semaines.

Sur le terrain, ces frappes sont également jugées insuffisantes par des combattants kurdes qui résistent vaillamment aux djihadistes mais qui sont à bout de munitions. Et le Times de citer Staffan de Mistura, envoyé spécial de l'ONU en Syrie :

«Le monde, nous tous regretterons profondément que l'EI se trouve en mesure de prendre le contrôle d'une ville qui s'est défendue aussi courageusement mais qui est sur le point de tomber. Nous devons agir maintenant.»