«Une quarantaine volontaire ne suffit pas. C'est une situation trop sérieuse sur le plan de la santé publique», a déclaré le gouverneur de New York Andrew Cuomo en expliquant sa décision de placer en quarantaine obligatoire à leur arrivée à l'aéroport Kennedy tous les voyageurs qui ont été en contact avec des patients atteints du virus Ebola en Afrique de l'Ouest.

Le gouverneur du New Jersey Chris Christie a annoncé que son État suivra la même politique, estimant lui aussi insuffisantes les règles prescrites par les Centres de contrôle et de prévention des maladies.

Annoncée en fin de journée hier, la nouvelle règle n'a pas seulement marqué un virage majeur dans l'approche des autorités après la confirmation du premier cas d'Ebola à New York. Dans les heures qui ont précédé l'annonce des gouverneurs Cuomo et Christie, les responsables politiques et sanitaires de New York avaient multiplié les propos rassurants, estimant qu'il était hautement improbable, voire impossible, que le patient atteint du virus, le Dr Craig Spencer, ait pu infecter des New-Yorkais.

À New York, la nouvelle stratégie a également ouvert une brèche entre les deux démocrates les plus puissants de l'État, le gouverneur Cuomo et le maire de New York Bill de Blasio, dont le bras droit en matière de services de santé, Mary Bassett, n'a pas été consulté sur le sujet. Selon cet article du New York Times, elle est «furieuse».

Jeudi soir, le Dr Bassett avait déclaré que le Dr Spencer avait agi de façon responsable depuis son retour à New York en prenant sa température deux fois par jour et en signalant immédiatement un changement dans son état, comme le prescrit Médecins sans Frontières à ses membres qui reviennent d'Afrique de l'Ouest.

Et il y a évidemment la question du bien fondé de la nouvelle stratégie, qui pourrait avoir pour conséquence de réduire le nombre de soignants américains prêts à faire des séjours de trois semaines ou plus dans les pays frappés par le virus Ebola. Voici ce que l'un d'eux a confié au Times depuis la Sierra Leone :

«Je pense que nous ne faisons que creuser encore plus profondément la tombe. Voyons donc, c'est exactement la décision qui éloignera les gens du Sierra Leone et des autres endroits frappés. Cela accélérera l'épidémie et ne contribuera en rien à régler la crise.»

À noter que le gouverneur Cuomo sollicitera le 4 novembre un deuxième mandat. Son opposant républicain, Rob Astorino, lui avait reproché de «jouer à la roulette russe» en ne suspendant pas à l'aéroport JFK tous les vols en provenance de l'Afrique de l'Ouest.