«S'il agit unilatéralement, outrepassant ses pouvoirs, il empoisonnera l'eau du puits et une réforme de l'immigration n'aura aucune chance de progresser dans ce Congrès», a déclaré John Boehner aujourd'hui. «Il se brûlera.»

Le président de la Chambre des représentants réagissait ainsi à la promesse renouvelée la veille par Barack Obama d'agir par décret, d'ici la fin de l'année, pour régulariser le statut de millions d'immigrés clandestins et corriger les pires failles du système d'immigration américain.

Après le triomphe républicain aux élections de mi-mandat, une telle approche serait «comme agiter un drapeau rouge devant un taureau», avait pour sa part averti la veille le sénateur républicain Mitch McConnell, qui devrait devenir en janvier chef de la majorité au Sénat.

Les sondages réalisés mardi à la sortie des bureaux de vote étaient clairs : les Américains en ont assez des affrontements stériles et des blocages perpétuels de Washington. Mais les déclarations du président et des nouveaux maîtres du Congrès laissent croire que les dysfonctionnements de la capitale nationale se poursuivront de plus belle.

Et pas seulement sur l'immigration. Boehner et McConnell signent aujourd'hui une tribune dans le Wall Street Journal où ils renouvellent leur intention d'abroger l'Obamacare. Or, s'ils parviennent à réunir les votes nécessaires pour atteindre leur objectif, il est d'ores et déjà entendu que le président emploiera son véto pour défendre sa loi.

Autre sujet sur lequel la Maison-Blanche et le Congrès risquent de s'affronter : le projet de construction de l'oléoduc Keystone XL. Le sénateur McConnell a annoncé hier son intention de tenir rapidement un vote donnant le feu vert à ce projet immobilisé depuis six ans.

Mais le président a refusé de s'engager hier à promulguer le texte sur le sujet qui pourrait émaner du Sénat. Il a plutôt posé une série de questions auxquelles les républicains répondent par l'affirmative depuis des années :

«Au bout du compte, est-ce que ça sera bon pour le peuple américain? Est-ce que ça sera bon pour leur porte-feuille? Est-ce que ça va vraiment créer des emplois? Est-ce que ça va vraiment réduire les prix de l'essence qui sont déjà à la baisse? Et est-ce que ce n'est pas, au final, quelque chose qui va augmenter le changement climatique contre lequel nous devons lutter?»

Bon d'accord, les républicains ne sont vraiment pas intéressés à répondre à la dernière question. Mais celle-ci est de nature à les hérisser encore davantage.