«Le problème, c'est que je suis le président des États-Unis, je ne suis pas l'empereur des États-Unis. Mon travail est d'exécuter les lois qui sont adoptées.»

Comme on peut le constater dans la vidéo qui coiffe ce billet, Barack Obama s'exprimait ainsi en février 2013 pour justifier son refus de protéger contre une expulsion des millions d'immigrés clandestins, dont la plupart ont des enfants ayant la citoyenneté américaine ou la résidence permanente. Or, moins d'une année plus tard, le président américain s'apprête à signer un décret mettant en oeuvre une telle politique, comme le rappelle aujourd'hui le New York Times dans cet article publié à la Une.

Les responsables de la Maison-Blanche ne voient pas de contradiction majeure entre les anciennes déclarations de Barack Obama et le décret à venir, qui ne manquera pas de soulever une tempête politique à Washington. Ils rappellent que le président faisait valoir à l'époque qu'il appartenait au Congrès d'adopter une réforme de l'immigration. Or, la Chambre des représentants ayant refusé de tenir un vote sur un projet de loi bipartite approuvé en juin 2013 par le Sénat, Obama se sent autorisé aujourd'hui à agir seul, disent ses conseillers.

Les républicains du Congrès, vainqueurs des élections de mi-mandat, ne l'entendront pas ainsi, cela va sans dire. Certains d'entre eux ont d'ailleurs déjà commencé à évoquer la possibilité de lancer une procédure de destitution contre le président s'il «amnistie» des millions de sans-papiers. Et ils pourront se servir de ses déclarations passées pour étayer leur cause. Le président n'a-t-il pas dit en novembre 2013 que les défenseurs des clandestins ne devaient pas croire qu'il pouvait «faire quelque chose en violant les lois»?

L'ironie veut que Barack Obama et ses alliés seront probablement obligés d'invoquer des précédents républicains pour justifier le décret sur l'immigration. Après tout, les présidents Ronald Reagan et George Bush père n'ont-ils pas déjà choisi d'agir seul pour protéger des millions d'immigrés clandestins d'une expulsion?