Barack Obama s'adressera ce soir à la population américaine pour lui expliquer sa décision de protéger d'une expulsion jusqu'à cinq millions d'immigrés clandestins par le biais de décrets. Il fera bien sûr des mécontents chez les républicains du Congrès, dont plusieurs l'accusent d'abus de pouvoir. Mais comment les Américains ordinaires réagiront-ils?

Lors d'une entrevue accordée au quotidien USA Today, le sénateur républicain d'Oklahoma a répondu à cette question en évoquant un scénario plutôt inquiétant. Je le cite :

«Le pays deviendra dingue, car  il verra que c'est une mesure outrepassant l'autorité du président [...]. Vous verrez - j'espère le contraire - mais vous pourriez voir de l'anarchie [...] Vous pourriez voir de la violence.»

Bien sûr, les républicains du Congrès pourraient calmer le jeu en rappelant que des présidents de leur parti ont agi seul pour protéger des clandestins d'une expulsion. Ils pourraient même citer ce passage d'une décision de la Cour suprême rédigée en 2012 par le juge conservateur Anthony Kennedy :

«L'expulsion [des immigrés clandestins] est une affaire civile, et l'une des ses principales caractéristiques est le pouvoir discrétionnaire accordé aux responsables de l'immigration, qui doivent décider ou non de procéder à l'expulsion.»

Rappelons que le Sénat américain a adopté en juin 2013 un projet de loi bipartite sur l'immigration beaucoup plus ambitieux que les mesures qui seront annoncées par le président Obama ce soir. Ce texte aurait été adopté par une majorité de la Chambre des représentants s'il avait fait l'objet d'un vote, ce à quoi les dirigeants républicains de cet organe du Congrès se sont refusés sous pression des élus les plus conservateurs de leur parti.

Le président Obama annoncera sa décision de protéger d'une expulsion les parents clandestins ayant vécu au moins cinq ans aux États-Unis et dont les enfants ont la citoyenneté américaine ou la résidence permanente. Il étendra également le programme offrant des permis de séjour temporaires aux clandestins arrivés sur le territoire américain avant l'âge de 16 ans. L'admissibilité à ce programme ne sera plus limitée aux clandestins âgés de 30 ans ou moins au moment de présenter leur demande d'un permis de séjour.

À noter que le président fera aussi des mécontents chez les défenseurs des clandestins, qui déplorent notamment sa décision de refuser l'Obamacare aux clandestins dont le statut sera régularisé.