Quand l'officier de police Darren Wilson a décrit la réaction de Michael Brown après une salve tirée dans sa direction, il a précisé que le jeune homme lui avait semblé «prendre de l'épaisseur pour passer à travers les balles».

En lisant cet extrait du témoignage du policier, plusieurs y ont vu un vieux stéréotype raciste qui attribue aux Noirs une force surhumaine souvent accompagnée d'un dérèglement mental ou d'un comportement animal. Wilson n'a omis aucun élément de ce stéréotype en comparant le visage de Brown à celui d'un «démon» et en affirmant qu'il avait émis des sons ressemblant à des «grognements».

Bref, Brown correspondait parfaitement à ces «brutes» et «bêtes» noires évoquées par les suprémacistes blancs pour justifier leurs lynchages à une autre époque, comme le rappelle le journaliste Jamelle Bouie dans cet article.

En y regardant de plus près, la journaliste Zerlina Maxwell a vu un autre parallèle : le témoignage de Wilson ressemble en plusieurs points à celui des quatre policiers de Los Angeles accusés d'avoir tabassé Rodney King, un automobiliste noir, en 1992. Ceux-ci avaient également raconté à un jury dominé par des Blancs que King avait déployé une «force digne de Hulk» et s'était comporté comme un «diable de Tasmanie».

À la barre, King avait admis avoir fait preuve d'irrespect à l'endroit des policiers mais il avait nié leur avoir résisté. Malgré une vidéo démontrant un passage à tabac qui avait choqué l'Amérique, le jury avait acquitté les policiers.

Mais tout ça n'a rien à voir avec la décision du grand jury du comté de Saint-Louis de ne pas inculper Darren Wilson. Tout ça fait partie des choses qui ne peuvent pas être dites, comme le souligne le journaliste Ta-Nehisi Coates dans cet article à lire du début à la fin.