Il y a trois jours, John Kerry a appelé la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, présidente de la commission du Renseignement du Sénat, pour lui demander de reporter la publication prévue cette semaine du rapport très attendu du Sénat sur les méthodes d'interrogatoire de la CIA de 2001 à 2009.

Selon le secrétaire d'État américain, les conclusions de ce rapport de 6000 pages pourraient compliquer les relations des États-Unis avec certains pays étrangers à un moment délicat et exposer à un risque inacceptable le personnel et les bâtiments américains à l'étranger.

Hier, sur CNN, le représentant républicain Mike Rogers, président de la commission du Renseignement de la Chambre, a été encore plus explicite en dénonçant la publication éventuelle du rapport. Je le cite :

«Je pense que c'est une idée terrible. Des dirigeants étrangers ont contacté le gouvernement (américain) et dit, ''Vous faites ceci, (et) cela causera de la violence et des morts''. Notre propre communauté du renseignement a conclu que cela causera de la violence et des morts.»

Autrement dit, à entendre Kerry et Rogers, Feinstein aura du sang sur les mains si des violences éclatent après la publication d'un rapport qui doit notamment conclure que la CIA a menti sur la nature, l'étendue et l'efficacité de ses méthodes d'interrogatoire brutales constituant effectivement des actes de torture.

En attendant le jour J, des anciens responsables de l'administration Bush et de la CIA se préparent à contredire les conclusions du rapport du Sénat, comme l'explique aujourd'hui le New York Times dans cet article.