À en juger par sa Une d'aujourd'hui et l'éditorial qui l'accompagne, l'Indianapolis Star tient mordicus à ce que les parlementaires de l'Indiana éliminent toute ambiguïté entourant la loi sur la liberté de religion que le gouverneur républicain de l'État, Mike Pence, a promulguée lors d'une cérémonie à huis clos jeudi dernier et à laquelle j'ai consacré cet article dans La Presse d'hier.

Les critiques de cette loi affirment qu'elle permettra aux entreprises de refuser de servir les clients homosexuels au nom de leurs croyances religieuses. Ils comptent parmi leurs nouveaux alliés des gens d'affaires, dont le patron d'Apple Tim Cook, des organisations sportives, dont la puissante NCAA qui règne sur le sport universitaire américain, et plusieurs artistes, dont le groupe Wilco, qui a annulé un concert à Indianapolis prévu pour le 7 avril.

Et le gouverneur démocrate de Virginie Terry McAuliffe a ajouté à la polémique hier en adressant une lettre au Star, invitant les entreprises d'Indiana troublées par la loi à déménager dans son État.

Les défenseurs de la Religion Freedom Restoration Act rappellent que des lois semblables ont été adoptées en 1993 par le gouvernement fédéral sous Bill Clinton et, depuis lors, dans 19 États, dont l'Illinois, où un certain Barack Obama, alors sénateur local, y a donné son appui en 1998.

Il demeure que le contexte a changé et que plusieurs promoteurs actuels de la loi y voient un rempart, peut-être le dernier, contre le mariage gai. Selon l'interprétation qu'ils donnent de la législation, celle-ci permettra notamment aux pâtissiers, photographes ou fleuristes de refuser de «participer» à des mariages gais sans craindre d'être poursuivis.

Chose certaine, des parlementaires d'Indianapolis ont promis de «clarifier» leur nouvelle loi, comme on peut le lire dans cet article. Reste à voir s'ils répondront à l'appel de l'Indianapolis Star en assurant la protection des gais et lesbiennes.

En attendant, il faut noter que plusieurs candidats virtuels ou officiels du Parti républicain à la présidence, dont Jeb Bush, ont appuyé la loi promulguée par le gouverneur Pence, qui songe lui aussi à briguer la Maison-Blanche. Hillary Clinton, chez les démocrates, l'a dénoncée.