Non, il ne s'agit pas de ce projet de livre à colorier sur les «mensonges» d'Hillary Clinton auquel les patriotes américains sont appelés à contribuer de l'argent. Il s'agit plutôt d'un ouvrage auquel le New York Times a fait référence hier dans cet article et qui a pour titre Clinton Cash : The Untold Story of How and Why Foreign Governments and Businesses Helped Make Bill and Hillary Rich.

Le New York Post traite du même sujet aujourd'hui en Une et dans cet article.

Publié chez HarperCollins, maison d'édition appartenant à Rupert Murdoch, proprio du Post et de Fox News, le livre est écrit par Peter Schweizer, qui a été rédacteur de discours pour George W. Bush et conseiller de Sarah Palin dans une autre vie. Pour l'apparence d'objectivité, il faut repasser. Néanmoins, le Times estime que cet ouvrage pourrait nuire à l'ancienne secrétaire d'État davantage que les autres livres conservateurs passés et à venir sur son compte «à la fois en raison de sa quête d'informations précises (focused reporting) et des ententes exclusives permettant à d'importants médias incluant le Times, le Washington Post et Fox News d'approfondir des histoires se trouvant dans le livre».

Les défenseurs des Clinton ont déjà mis en cause la crédibilité de Schweizer et critiqué l'alliance du New York Times et du Washington Post avec Fox News.

Qu'à cela ne tienne, l'auteur de Clinton Cash tente d'établir des liens entre les millions de dollars versés par des sociétés et gouvernements étrangers à la Foundation Clinton ou à Bill Clinton à titre de conférencier et des décisions prises par Hillary Clinton en tant que secrétaire d'État. Il s'agit d'un sujet potentiellement explosif que les républicains ont déjà commencé à soulever.

Le Times cite deux exemples tirés du livre de ces liens présumés. L'un d'eux concerne l'appui d'Hillary Clinton à un accord de libre-échange avec la Colombie et les donations à la fondation Clinton du propriétaire d'une entreprise canadienne qui était susceptible de profiter de cet accord. L'autre concerne une somme de 1 million de dollars versée à Bill Clinton par une banque canadienne et une compagnie ayant des intérêts dans le projet Keystone XL, tout ça à l'époque où l'oléoduc faisait l'objet d'un examen par Hillary Clinton et le département d'État.

Selon Schweizer, tout cela relève du quid pro quo : je te donne de l'argent, tu prends des décisions qui m'aident. Il faudra sans doute attendre la publication de Clinton Cash, le 5 mai, pour se faire une idée de la crédibilité de l'accusation. En attendant, voici ce qu'Hillary Clinton a déclaré lorsqu'on l'a interrogée hier au New Hampshire sur le livre de Schweizer :

«Nous allons faire l'objet de toute sorte de distractions et d'attaques. Mais je suis prête. Je sais que, malheureusement, ça fait partie du travail. Je note que les républicains semblent ne parler que de moi, je ne sais pas de quoi ils parleraient si je n'étais pas candidate.»