«Il n'y a pas de loi contre la course à pied», a déclaré le chef de police de Baltimore Anthony Batts hier lors d'une conférence de presse sur l'arrestation et la mort mystérieuses d'un jeune Noir de sa ville.

Vers 8h30 du matin, le dimanche 12 avril, Freddy Gray, 25 ans, marchait dans un quartier paumé de Baltimore lorsque trois policiers à vélo ont «établi un contact visuel» avec lui. Le jeune homme s'est aussitôt mis à courir et les policiers se sont lancés à sa poursuite. Ceux-ci disent avoir trouvé sur Gray un couteau à cran d'arrêt, dont la possession peut être illégale dans certaines circonstances à Baltimore.

Selon le rapport de police, Gray a été placé sous arrestation «sans force ou incident». Or, selon une vidéo réalisée par une passante, Grey a été traîné par les agents vers une fourgon de police, comme s'il avait perdu l'usage de ses jambes. On l'entend crier ou gémir, alors qu'une femme dit sur un ton horrifié : «La jambe de ce garçon est brisée! Sa jambe est brisée et vous le traînez comme ça!»

La jambe de Freddie Gray n'était pas fracturée. Selon un rapport d'autopsie, le jeune homme est mort des suites d'une fracture des vertèbres cervicales, le 19 avril, après avoir passé une semaine dans le coma. Selon l'avocat de sa famille, trois de ses vertèbres et son larynx ont été écrasées.

Pourquoi Freddie Gray a-t-il été arrêté? Comment a-t-il blessé? À ces questions qui restent sans réponse, il faut en ajouter une troisième : que s'est-il passé pendant les 30 minutes que Gray a passé dans le fourgon de police. On sait que les policiers se sont arrêtés à trois reprises pendant le trajet, y compris pour mettre des entraves aux chevilles de Gray après que le conducteur du véhicule se soit plaint de son attitude «colérique».

On ne sait pas si les policiers ont réalisé la gravité de l'état de Gray, qui avait par ailleurs réclamé un inhalateur peu après son arrestation selon ces derniers.

Six policiers ont été suspendus lundi en rapport à la mort de Gray, qui fera l'objet d'une enquête du ministère de la Justice. Baltimore a une mairesse et un chef de police afro-américains. Ceux-ci ont multiplié les appels au calme dans une ville où des manifestants scandent depuis dimanche : «Justice pour Freddie».

Le Baltimore Sun consacre plusieurs articles à cette histoire.