Les services de renseignement pakistanais ont capturé Oussama ben Laden en 2006 et l'ont fait prisonnier avec l'aide de l'Arabie saoudite, l'utilisant comme atout dans leurs tractations avec Al-Qaïda.

En 2010, les Pakistanais ont accepté de vendre le chef d'Al-Qaïda aux États-Unis en échange d'une hausse de l'aide militaire américaine et d'une plus grande liberté d'action en Afghanistan. Or, plutôt que de remettre tout simplement Ben Laden aux Américains, ils ont insisté pour orchestrer un «raid» à Abottabad.

Ainsi, les Navy Seals n'ont pas essuyé le feu des protecteurs de Ben Laden lorsqu'ils sont arrivés sur le lieu de la dernière résidence du Saoudien. Ils ont plutôt été escortés par un agent pakistanais jusqu'à la chambre de Ben Laden, dont ils ont criblé le corps de balles.

Lors de leur vol de retour, les Navy Seals ont largué le corps au-dessus des montagnes de l'Indu Kuch.

Cette version de la mort d'Oussama ben Laden est contenue dans un long article signé par Seymour Hersh, légendaire journaliste d'enquête américain, et publié dans le London Review of Books. Elle contredit évidemment la version présentée par le gouvernement américain, qui est un «mensonge» selon Hersh.

La théorie de conspiration échafaudée par Hersh repose sur deux sources, dont Asad Durrani, qui a dirigé les services de renseignement pakistanais de 1990 à 1992. L'autre source est décrite comme «un ancien responsable du renseignement au courant des premières informations au sujet de la présence de Ben Laden à Abottabad».

On doit à Hersh des reportages marquants sur le massacre de My Lai en 1969 et le scandale d'Abu Ghraib en 2004, entre autres. Au cours des dernières années, cependant, le journaliste de 78 ans semble avoir développé un penchant pour les théories de complot, comme le soutient Max Fisher dans cet article. Mais sa «vérité» sur la mort d'Oussama ben Laden relève-t-elle pour autant de la «fiction pure et simple», comme l'a affirmé ce matin l'ancien numéro deux de la CIA?