Lu aujourd'hui dans une analyse du New York Times portant sur la suspension du programme de collecte de métadonnées téléphoniques par l'Agence de sécurité nationale :

«Pour la première fois depuis les suites des attentats terroristes du 11 septembre 2001, les Américains peuvent de nouveau placer des appels - à des amis, amoureux, associés d'afffaires, groupes politiques, médecins et pizzérias - sans que les données de ces contacts ne soient aspirées en masse par l'Agence de sécurité nationale.

«Et pour la première fois depuis près de 14 ans, si des agents du gouvernement identifient de nouveaux numéros de téléphone qu'ils soupçonnent d'être liés au terrorisme, ils devront obtenir un mandat pour forcer les compagnies de téléphone à fournir les données d'appel associées et attendre la réponse pour voir si quelqu'un aux États-Unis a été en contact avec ces numéros. La NSA ne pourra plus simplement consulter sa base de données pour obtenir l'information.»

Commencée à minuit et une seconde, la suspension du programme de surveillance de la NSA révélé par Edward Snowden est due au sénateur républicain du Kentucky Rand Paul, qui a utilisé une règle du Sénat pour bloquer à lui seul l'entrée vigueur d'un projet de loi  adopté par 77 voix contre 17. Le texte aurait modifié une disposition du Patriot Act permettant à la NSA de collecter et de stocker des métadonnées téléphonique aux États-Unis.

La mise en veuilleuse du programme de la NSA pourrait cependant ne durer que deux ou trois jours. Les règles du Sénat ne permettent pas au sénateur Paul de bloquer indéfiniment le projet de loi.

La manoeuvre du sénateur Paul a été sévèrement critiquée par le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, qui a accusé les opposants au projet de loi de «démagogie et de désinformation». L'ironie veut que McConnell, qui représente également le Kentucky, ait déjà donné son appui à Paul dans la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2016.

John McCain a déclaré de son côté que Paul était le «pire candidat que nous pourrions mettre de l'avant». D'autres ont accusé le libertarien d'abuser des règles du Sénat pour inciter ses partisans à verser de l'argent à sa campagne.

Le nouveau projet de loi, appelé USA Freedom Act, est destiné à mettre fin à la collecte et au stockage à grande échelle par la NSA de métadonnées téléphoniques. Selon le nouveau texte, les compagnies de téléphone auront la responsabilité de stocker ces données et la NSA devra obtenir un mandat pour y puiser des informations. Ce compromis ne rassure pas le sénateur Paul.

«Je voulais démontrer que nous pouvions encore attraper les terroristes en utilisant la Constitution. Je suis d'accord avec la partie (de la loi) qui met fin à la collecte massive de données par le gouvernement. Je m'inquiète cependant du fait qu'on soit en train d'échanger la collecte massive par le gouvernement par la collecte massive par les compagnies de téléphone», a déclaré le candidat présidentiel aux petites heures du matin.

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