Il y a au moins deux façons d'expliquer la décision d'Hillary Clinton de rendre publics hier les données fiscales de son couple (Bill et elle ont payé 57,5 millions de dollars d'impôts sur 100 millions de dollars de revenus depuis 2007) et son bilan de santé («elle se trouve en excellente condition physique et est bonne pour le service en tant que présidente des États-Unis», selon son médecin new-yorkais).

La première découle des résultats des sondages récents, dont celui de l'Université Quinnipiac, selon lesquels la majorité des électeurs ne considèrent pas la candidate démocrate comme étant honnête et digne de confiance. La deuxième tient à la tenue, jeudi prochain à Cleveland, du premier débat télévisé entre les candidats républicains à la présidence, qui ne manqueront pas de mettre en cause son intégrité.

Hillary Clinton doit donc faire montre d'une plus grande transparence pour regagner la confiance des électeurs et se protéger contre les attaques de ses adversaires. L'ironie veut que son problème soit lié en partie aux révélations pas toujours crédibles du New York Times sur son utilisation d'un compte courriel personnel en tant que secrétaire d'État.

Or, cette semaine, l'équipe Clinton a envoyé au rédacteur en chef du Times, Dean Baquet, une lettre accablante pour se plaindre de la dernière exclusivité du journal sur ce sujet. Selon ce scoop spectaculaire publié le 20 juillet en fin de soirée  sur le site du Times, deux inspecteurs généraux ont demandé au ministère de la Justice d'ouvrir une enquête criminelle ciblant l'ex-secrétaire d'État et ses courriels. Truffé d'erreurs, l'article en question n'aurait jamais dû être publié dans sa forme originale et aurait dû être corrigé beaucoup plus rapidement qu'il ne l'a été, selon la médiatrice du Times, Margaret Sullivan, qui s'est penchée cette semaine sur le dossier dans cet article.

Pour faire court, les journalistes du Times ont induit les lecteurs sur la nature de la requête des inspecteurs. Ceux-ci n'ont pas demandé l'ouverture d'une enquête «criminelle» et celle-ci ne visait pas Clinton.

Or, le Times a lui-même manqué de transparence en publiant, sous la signature de son rédacteur en chef, une explication complaisante de la gaffe de ses journalistes et en refusant de publier la lettre de l'équipe Clinton, qui soulève la question de l'honnêteté et du professionnalisme du Times.

Le dernier mot n'a pas été dit sur les problèmes du Times dans ce dossier, pas plus que ceux d'Hillary sur le front de l'honnêteté...