Le mot «trumpisme» revient de plus en plus souvent dans les médias américains pour expliquer le type de politique (ou plutôt l'absence de politique) que pratique Donald Trump. On le retrouve ainsi ce matin dans cet article du New York Times publié en prévision du débat télévisé qui opposera ce soir à Cleveland dix candidats républicains et où le Donald sera le centre d'attention.

Le Times note que Trump est le seul candidat présidentiel en lice à n'avoir aucune section réservée à ses positions politiques sur le site internet de sa campagne. Le promoteur immobilier et star de la téléréalité n'a pas non plus prononcé un seul discours sur un thème en particulier. Et il demeure souvent vague, contradictoire ou muet en interview sur ses positions.

«Je ne vous le dirai pas ce soir», a-t-il notamment déclaré en faisant allusion à son plan «infaillible» pour vaincre le groupe État islamique, une réponse qu'il raffinera peut-être ce soir.

D'ici là, il faut croire que le «trumpisme» est d'abord une attitude qui permet au candidat néophyte d'incarner la colère d'une partie non négligeable de l'électorat républicain. Il faut aussi noter que cette colère n'est pas limitée aux xénophobes ou aux analphabètes : selon un sondage Bloomberg, Trump domine ses rivaux auprès de tous les groupes démographiques ou politiques du Parti républicain, à l'exception des «modérés.

Les plus conservateurs chez les républicains n'ont pas semblé troublés, par exemple, lorsque Rick Perry a accusé Trump d'être «un cancer pour le conservatisme» en lui reprochant notamment son appui antérieur à un système de santé universel et à Hillary Clinton. En fait, c'est Perry qui a été le perdant sur les médias sociaux après sa sortie.

Dans l'article du Times, Newt Gingrich, ex-président de la Chambre des représentants et candidat présidentiel en 2012, formule ce qui pourrait être une définition du «trumpisme» :

«Tout le monde au sein de l'establishment se trompe sur la partie qu'il (Trump) joue. Ses adversaires veulent parler de politiques. Il dit que, si vous n'êtes pas un leader capable de passer outre les idioties, toutes les affaires de politique ne sont qu'un prétexte à l'inaction.»

Et si le «trumpisme» n'était qu'un synonyme de démagogie? À débattre...

P.S. : Qui osera s'attaquer à Trump ce soir à Cleveland? Comme le souligne le journaliste du New Yorker John Cassidy dans cet article, la plupart des experts doutent que Jeb Bush et Scott Walker voudront croiser le fer avec le Donald, de peur de provoquer une contre-attaque coûteuse. Mais les sept autres participants ont intérêt à dégonfler la bulle Trump. Qui osera s'y risquer? Ma prédiction : Chris Christie...

P.P.S. : Les amateurs de théorie de conspiration apprécieront sans doute cet article du Washington Post dans lequel on apprend que Bill Clinton a encouragé Trump à jouer un rôle plus important au sein du Parti républicain lors d'une conversation téléphonique ce printemps.