Joe Biden a-t-il signalé hier son intention de briguer la présidence en changeant la version de son rôle dans le raid contre la dernière résidence d'Oussama ben Laden et en lançant des attaques à peine voilées contre Hillary Clinton? Plusieurs journalistes ont soulevé cette question après un discours du vice-président lors d'un colloque universitaire sur l'ancien vice-président Walter Mondale.

En janvier 2012, lors d'une rencontre avec les démocrates de la Chambre des représentants, Biden avait déclaré qu'il avait déconseillé à Barack Obama de donner le feu vert à l'opération qui a mené à la mort du chef d'Al-Qaïda. «J'ai dit, ''Nous devons à cet homme une réponse. M. le Président, ma suggestion est la suivante : n'y allez pas. Nous devons faire deux choses de plus pour vérifier qu'il est là.''»

Hier, Biden a offert cette nouvelle version :

«Comme nous sortions de la pièce et montions à l'étage, je lui ai dit mon opinion, qui était que nous devrions y aller mais qu'il devait suivre son propre instinct.»

Plusieurs journalistes ont fait le lien entre cette nouvelle version et une déclaration d'Hillary Clinton lors du premier débat des primaires démocrates pour la présidence. L'ancienne secrétaire d'État a affirmé qu'elle avait été l'une des rares personnes de l'administration Obama à avoir conseillé au président de lancer le raid d'Abbottabad.

Selon cet article du New York Times, la nouvelle version de Joe Biden participe peut-être d'une stratégie destinée à permettre au vice-président de se présenter comme «le partenaire le plus essentiel» de Barack Obama.

Dans son discours d'hier, Biden a également fait valoir que sa parole valait davantage, auprès des dirigeants étrangers, que celle des deux secrétaires d'État qui ont servi Obama, Hillary Clinton et John Kerry. «Nous avons eu deux grands secrétaires d'État, mais quand je vais (à l'étranger), ils savent que je parle au nom du président. Il n'y a aucune différence de la coupe aux lèvres. Ce que je dis, le président le dit.»

Biden a semblé faire une allusion à une autre déclaration de Clinton lors du débat démocrate lorsqu'il a déclaré qu'il avait «plusieurs amis républicains». «Je ne pense pas que mon principal ennemi est le Parti républicain. Il s'agit de faire fonctionner les choses», a-t-il dit.

Invité à identifier l'ennemi dont elle était la plus fière, Clinton avait dit, lors du débat : «Outre la NRA, les compagnies d'assurance-maladie, les compagnies pharmaceutiques, les Iraniens, probablement les républicains.»

Biden finira peut-être par renoncer à se lancer dans la course à l'investiture démocrate pour la présidence. Mais ses déclarations semblent démontrer que Clinton n'aura pas son appui enthousiaste.

Notons  que la rélexion de Biden se prolonge au moment où non seulement Clinton accentue son avantage sur ses rivaux dans les sondages nationaux mais reprend également la tête au New Hampshire, comme le démontre ce nouveau baromètre publié aujourd'hui.