Le directeur de la CIA John Brennan n'a pas prononcé le nom d'Edward Snowden hier lors d'une allocution à Washington. Mais il a clairement laissé entendre que les révélations de l'ancien analyste de la NSA ont contribué à l'émergence de «failles» dans la surveillance des extrémistes.

«Il est temps de se demander (...) si des failles n'ont pas été créées, intentionnellement ou non, dans la capacité des services de renseignement et de sécurité de protéger les gens», a-t-il déclaré (on peut lire ici un compte-rendu de sa sortie).

Les révélations de Snowden, rappelons-le, ont incité le Congrès américain à voter une loi mettant fin au stockage des métadonnées des appels téléphoniques des Américains par la NSA (ce stockage est désormais confié à des sociétés privées). Elles ont également encouragé plusieurs géants de l'internet, dont Apple et Google, à adopter des technologies d'encryptage dont se plaignent les responsables des services de renseignement et de surveillance.

Selon Brennan, ces technologies «rendent extrêmement difficile pour les services de surveillance d'avoir accès aux éléments nécessaires» pour prévenir d'éventuelles attaques. Dimanche, sur CBS, l'ex-directeur adjoint de la CIA Mike Morell avait formulé la même mise en garde. «Je pense qu'on va découvrir que ces gars communiquent avec des applications commerciales de cryptage qui sont très difficiles, voire impossibles à casser pour le gouvernement», a-t-il dit.

Dans ce billet, le journaliste Glenn Greenwald accuse les Brennan, Morell et cie à instrumentaliser les attentats de Paris pour détourner l'attention du public des «vrais coupables» qui ont favorisé la montée en puissance du groupe État islamique. Il note que les agences de renseignement formulaient les mêmes critiques concernant les communications cryptées après les attentats du 11 septembre 2001.