Hillary Clinton est-elle une progressiste? Il y a deux jours, quand un journaliste lui a posé cette question, Bernie Sanders a répondu : «Certains jours.» Il a ajouté que l'ancienne secrétaire d'État s'était déjà targuée d'être une «modérée». Après que Clinton eut qualifié la première réponse de Sanders de «coup bas», celui-ci a publié une série de messages sur Twitter qui pourraient lui nuire à terme. Je cite plusieurs de ces gazouillis, qui visaient sa rivale sans la nommer :

«Vous pouvez être un modéré. Vous pouvez être un progressiste. Mais vous ne pouvez pas être un modéré et un progressiste.»

«La plupart des progressistes que je connais ne collectent pas d'argent auprès de Wall Street.»

«La plupart des progressistes que je connais sont fermes depuis le premier jour dans leur opposition au Partenariat trans-pacifique.»

«La plupart des progressistes que je connais étaient opposés au projet Keystone XL dès premier jour.»

«La plupart des progressistes que je connais étaient contre la guerre en Irak.»

Hier soir, lors d'une assemblée au New Hampshire, Clinton a déploré que Sanders ait cru bon de s'ériger en censeur de l'idéologie progressiste. «Selon les critères de Sanders, Barack Obama ne serait pas un progressiste, Joe Biden ne serait pas un progressiste... Même le grand sénateur Paul Wellstone ne serait pas un progressiste», a-t-elle déclaré en faisant référence au regretté sénateur du Minnesota, champion de plusieurs causes progressistes.

Les progressistes les plus purs donneront sans doute raison à Sanders. Mais la «révolution politique» que celui-ci entend mener (et qui est cruciale à la réalisation de ses politiques ambitieuses) ne peut voir le jour sans l'appui des politiciens et électeurs «modérés» qu'il semble vouloir exclure de sa coalition.

Bizarre. Ou symptomatique d'un politicien indépendant qui n'a jamais vraiment caché son mépris ou ses réserves à l'égard du parti qu'il veut maintenir à la Maison-Blanche.

Quoi qu'il en soit, le sujet sera sûrement abordé ce soir lors du premier face-à-face entre les deux seuls candidats à l'investiture démocrate pour la présidence encore en lice.