En 2008, son vote en faveur de la guerre en Irak a contribué à couler sa candidature à l'investiture démocrate pour la présidence. Huit ans plus tard, ses liens avec Wall Street pourraient avoir le même effet délétère. Chose certaine, Hillary Clinton aura réussi, d'une campagne présidentielle à l'autre, à se mettre en porte-à-faux avec les éléments les plus progressistes de son parti sur la question qui leur tient le plus à coeur.

Le dilemme de l'ancienne secrétaire d'État a de nouveau été mis en évidence hier soir au New Hampshire lors de son premier face-à-face avec Bernie Sanders. Au cours des 30 premières minutes de ce qui a été sans contredit le meilleur débat de la saison, Clinton a été placée sur la défensive par son rival et les modérateurs de MSNBC, Rachel Maddow et Chuck Todd, sur la question de ses liens avec l'industrie financière. Visiblement frustrée, elle a accusé Sanders de salir sa réputation en insinuant que les contributions de Wall Street et les émoluments de Goldman Sachs pour ses conférences l'ont corrompue (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

«Je n'ai jamais changé de vote à cause d'un don que j'ai reçu. Je pense qu'il est temps d'arrêter cet habile dénigrement (artful smear) que vous et votre campagne menez ces dernières semaines et de discuter des sujets qui nous divisent», a déclaré Clinton, suscitant des huées dans la foule.

Sanders n'a pas bronché, laissant passer des occasions d'attaquer Clinton pour revenir au message central de sa campagne, un message aussi simple que cohérent. «Il y a une raison pour laquelle ces gens (de Wall Street) engloutissent des sommes faramineuses dans notre système politique. Cela mine la démocratie américaine et permet au Congrès de représenter les riches donateurs plutôt que les familles de travailleurs de ce pays», a-t-il déclaré, comme on peut l'entendre dans cet extrait :

Le sujet de l'argent a donné lieu à de vifs échanges, de même que la question de savoir qui représente le mieux le progressisme, de Clinton ou de Sanders. Dans cette intervention, Clinton a rappelé que Sanders n'avait pas adopté des positions progressistes par le passé sur les armes à feu et l'immigration :

Par la suite, la tension a baissé et les deux candidats ont adopté un ton plus cordial. Et quand les questions ont porté sur la politique étrangère, Clinton a repris le dessus. Mais il reste à voir si ses attaques contre Sanders l'aideront ou lui nuiront au New Hampshire, où elle tire de l'arrière par 20 points, selon un sondage diffusé hier.

On trouve ici les faits saillants de ce débat mené de main de maître par Maddow et Todd et ici des critiques de la performance des candidats.

À noter que Clinton a annoncé sa décision de quitter le New Hampshire dimanche pour se rendre à Flint, où le scandale de l'eau contaminée continue à battre son plein. Il s'agit d'une affaire qui remue en particulier les Afro-Américains, un électorat sur lequel la candidate démocrate compte pour freiner l'élan de Sanders.