À peine annoncée, la mort subite du juge Antonin  Scalia pose la question de son remplacement, offrant à Barack Obama l'occasion rare de changer l'équilibre idéologique de la Cour suprême des États-Unis.

Nommé en 1986 par Ronald Reagan, Scalia était le pilier intellectuel de la majorité conservatrice de la plus haute instance américaine, qui comptait cinq juges sur neuf. Son départ pourrait en principe permettre au président démocrate de mettre fin à cette majorité.

Mais y parviendra-t-il? Rien n'est moins sûr. La Constitution américaine prévoit que le Sénat doit consentir aux choix du président à la Cour suprême. À une autre époque, les sénateurs hésitaient à refuser la candidature d'un juriste qualifié. Or les républicains n'ont sans doute pas oublié le rejet en 1987 de la nomination du juge Robert Bork, jugé trop conservateur pour un Sénat à majorité démocrate.

La question du remplacement de Scalia suscitera d'autant plus de passion à droite et à gauche qu'elle intervient au beau milieu d'une campagne présidentielle dans laquelle sont engagés deux sénateurs républicains, Ted Cruz et Marco Rubio. En 1987, Joe Biden avait mené le combat contre Bork alors qu'il était à la fois candidat présidentiel et président de la commission des affaires juridiques du Sénat.

Barack Obama peut-il trouver un candidat acceptable aux démocrates et aux républicains du Sénat? Ce sera au cours des prochains mois l'une des questions les plus intéressantes aux États-Unis. Elle pourrait d'ailleurs devenir l'un des principaux enjeux du scrutin de novembre.

Le New York Times consacre cet article à la vie et la carrière de Scalia, mort à 79 ans.