Deux jours après le super mardi, la meilleure journée d'Hillary Clinton depuis le début de la course à l'investiture démocrate, le New York Times et le Washington Post consacrent des articles (ici et ici) à l'enquête du FBI sur les courriels de l'ancienne secrétaire d'État, un des nuages qui planent sur sa deuxième campagne présidentielle.

Les deux quotidiens soulignent que les agents du FBI voudront vraisemblablement interroger les conseillers les plus proches de Clinton et peut-être même la candidate démocrate avant de conclure leur enquête vers la fin de mai. En temps normal, les avocats de la défense conseillent à leurs clients de refuser de se prêter à ce genre d'interviews. Mais un refus de la part de Clinton donnerait des munitions à ses critiques républicains.

Le Post amorce son article avec une exclusivité : le ministère de la Justice a accordé l'immunité à l'employé d'Hillary Clinton qui a mis en place son serveur privé. Selon le quotidien, les enquêteurs chercheront à déterminer comment le serveur a été mis en pace et si l'ancienne secrétaire d'État et ses conseillers savaient qu'ils envoyaient et recevaient des documents classés confidentiels ou ultra-confidentiels.

Hillary Clinton et le département d'État ont répété qu'aucun document ayant passé par le serveur privé de l'ancienne secrétaire d'État n'était «classé» confidentiel ou ultra-confidentiel. Au terme de son enquête, le FBI présentera ses recommandations à la ministre de la Justice Loretta Lynch. Il reviendra à celle-ci de porter ou non des accusations criminelles contre Hillary Clinton ou des membres de son entourage.

Cela étant, le précédent établi par le général David Petraeus réduit considérablement la marge de manoeuvre du ministère de la Justice, selon le Times et le Post. Initialement, l'ancien patron de la CIA risquait six ans de prison pour avoir menti au FBI et partagé avec sa maîtresse des documents ultra-secrets. Or, dans le cadre d'un accord, il a plaidé coupable à un chef d'accusation de «retrait et détention non autorisés de documents classifiés» (un délit plutôt qu'un crime) et écopé deux ans de mise à l'épreuve et 100 000$ d'amende.

Petraeus «a été traité de façon si complaisante pour son offense qu'il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire (dans le cas de Clinton)», confie au Post un ancien enquêteur en matière de contre-espionnage, qui décrit la controverse autour des courriels de l'ancienne secrétaire d'État comme «un ensemble de circonstances moins sérieuses».