Les rivaux républicains de Donald Trump s'assurent toujours d'attribuer à Barack Obama la responsabilité partielle ou entière de la campagne dangereuse ou affligeante menée par l'ancienne star de la télé-réalité. Marco Rubio et Ted Cruz ont refait le coup hier soir après l'annulation du rassemblement de Trump à Chicago.

Mais Rubio et Cruz ne sont pas les premiers conservateurs à mettre sur le dos du président démocrate la dérive du Parti républicain orchestrée par Trump. Plusieurs commentateurs ou politiciens, dont le gouverneur de la Louisiane Bobby Jindal, ont déjà accusé Obama d'avoir «créé Donald Trump», ce qui a mené un journaliste à demander au président ce qu'il pensait de la chose lors de sa conférence de presse conjointe avec Justin Trudeau jeudi.

«Les républicains m'ont accusé d'un tas de choses, mais être tenu responsable de leur primaire et du candidat qu'ils vont choisir (pour la présidentielle), c'est original», a-t-il répondu d'emblée (voir le billet qui coiffe ce billet).

Or, si l'on en juge par cet article du New York Times sur les origines de la campagne présidentielle de Donald Trump, force est d'admettre que Barack Obama y est pour quelque chose. Le quotidien rappelle que la décision de l'homme d'affaires de briguer la Maison-Blanche n'est pas étrangère à l'humiliation que lui a infligée Obama lors du dîner annuel des correspondants de la Maison-Blanche en 2011.

Quelques jours après avoir rendu public son fameux certificat de naissance pour prouver qu'il était bien et bien né en Hawaii et non au Kenya, Obama avait pris sa revanche en ridiculisant Trump, le birther en chef, qui se trouvait dans l'auditoire.

«Donald Trump est ici ce soir et je sais qu'il s'est pris des critiques ces derniers temps, mais personne n'est plus heureux, plus fier, que cette affaire de certificat de naissance soit enfin réglée que le Donald», avait déclaré à la tribune le président sur un ton ironique (voir la vidéo ci-dessous). «Et c'est parce qu'il va maintenant pouvoir se concentrer sur les problèmes importants. Par exemple, notre vol sur la Lune était-il un faux?»

Je cite un extrait de l'article du Times sur les conséquences des moqueries d'Obama :

«Cette soirée d'humiliation publique, plutôt que d'éloigner M. Trump (de la scène politique), a accéléré ses efforts féroces pour gagner en stature au sein du monde politique. Et cela illustre jusqu'à quel point la campagne de Trump est inspirée par un besoin profond (qui est) parfois obscurci par ses fanfaronnades et vantardises : un désir d'être pris au sérieux.»

Bon, d'accord, Trump n'a pas attendu Obama avant de jongler avec l'idée de briguer la présidence. Mais la théorie du Times ne manque pas de piquant.