Malheureusement, je n'ai pas la vidéo du monologue de Barack Obama sur l'incidence de l'authenticité sur la performance d'un président (la vidéo du monologue d'Yvon Deschamps sur l'importance des syndicats dont je me suis inspiré pour le titre de ce billet, elle, est toujours disponible sur YouTube).

Toujours est-il que le président a fait le point l'autre soir sur la course à l'investiture du Parti démocrate pour la présidence. Lors d'une activité de collecte de fonds à Austin, au Texas, il a déclaré à des donateurs démocrates que «Bernie Sanders s'approchait du moment où sa campagne contre Hillary Clinton prendrait fin, et que le parti devra bientôt s'unir derrière elle», selon un compte rendu du New York Times.

Les médias n'étaient pas présents lors du discours d'Obama. Or, selon les sources anonymes citées par le Times, Obama a reconnu devant les donateurs que des militants démocrates se plaignent du manque d'enthousiasme suscité par la campagne de Clinton et du manque d'authenticité de la candidate, qui souffre d'un déficit à ce chapitre par rapport à Sanders.

Obama a cependant cherché à minimiser l'importance de l'authenticité, rappelant que cette qualité avait été attribuée à George W. Bush lors de sa première campagne présidentielle. Or, a-t-il ajouté, Bush a été un piètre président, aussi authentique a-t-il pu paraître lors de sa campagne et par la suite.

Officiellement, Obama reste neutre dans la course à l'investiture démocrate. Mais, selon le Times, il a longuement vanté l'intelligence et l'expérience de Clinton devant son auditoire texan, assurant qu'elle poursuivra le travail de son administration.

De toute évidence, Obama a déjà été plus en phase avec la jeunesse démocrate, qui vote massivement pour Sanders depuis le début de la saison des primaires et qui n'hésite pas à traiter Clinton de «menteuse», comme on peut le constater dans cet article de l'hebdomadaire The New Yorker sur «la grande fracture» au sein du Parti démocrate entre les partisans du sénateur du Vermont et ceux de l'ancienne Première dame des États-Unis.

Le reportage du New Yorker donne aussi à penser que Sanders n'est pas prêt à abandonner sa campagne, n'en déplaise à Obama. On peut également y lire que le sénateur du Vermont, contrairement au président, ne fait aucunement confiance à Clinton, qui a adopté une partie de son discours populiste, à sa plus grande frustration.

«Quelles que soient ses politiques actuelles, la question est de savoir si elle se tiendra debout et se battra [contre Wall Street et les traités de libre-échange, entre autres] si elle est élue présidente - et nous luttons toujours pour gagner. Et je pense qu'il y a plusieurs personnes qui pensent que cela ne sera pas le cas», a confié Sanders au New Yorker.

Le sénateur du Vermont a fait cette déclaration avant de perdre les cinq primaires du super mardi II, dont celles de Floride et d'Ohio. Cela dit, il continue à dire que le reste de la course se déroulera sur un terrain qui lui sera plus favorable. Peut-être. Mais un sondage publié hier indique que Clinton le devance par plus de 50 points dans l'État de New York, qui tiendra une primaire le 19 avril. Une telle dégelée remettrait en question l'ampleur de la fracture démocrate évoquée par le New Yorker.