Jessica Stern, professeure à l'Université de Boston et co-auteure de ISIS : The State of Terror, n'a peut-être pas toutes les réponses concernant le groupe État islamique, qui a revendiqué hier les attentats terroristes de Bruxelles. Mais elle signe aujourd'hui dans le Boston Globe un texte que Donald Trump et ses admirateurs auraient intérêt à lire. J'en cite un extrait qui répond à la question qui coiffe ce billet :

«Les objectifs de l'État islamique sont contradictoires. D'une part, il veut gérer et étendre son califat totalitaire sur le territoire qu'il contrôle, principalement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. D'autre part, il veut entraîner l'Occident dans une ultime bataille apocalyptique en Syrie. Les attaques en Occident sembleraient mettre en danger le premier de ces objectifs car elles invitent des représailles massives. Mais l'EI a énoncé un troisième objectif - éliminer ce qu'il appelle la 'zone grise' de l'islam modéré, pratiqué par les musulmans qui vivent en Occident, et rendre les musulmans modérés vulnérables en raison des préjugés.»

Selon Stern, le projet de l'EI a plus de chances de réussite en Europe qu'aux États-Unis, où un sondage du Pew Research Center démontrait en 2011 que les musulmans américains sont plus satisfaits de leur sort que l'ensemble de leurs compatriotes.

Trump n'est évidemment pas au courant de ce sondage. Ne disait-il pas récemment que «l'islam haït» les États-Unis, contribuant ainsi à l'effort de l'EI visant à effacer la «zone grise» évoquée par Stern?